Nîmes : Les quartiers font face à une « inquiétante » multiplication des tirs à l’arme automatique
INSECURITE•La dernière rafale de Kalachnikov, le 10 février dernier, a fait 3 blessésNicolas Bonzom
L'essentiel
- Le 10 février, des rafales d’armes automatiques ont éclaté dans le quartier Pissevin.
- Dans les quartiers sensibles de Nîmes, ces faits se sont multipliés, dernièrement. Mais pour le procureur de la République, on ne peut pas comparer Nîmes à Marseille.
- Les habitants, qui se réunissent vendredi, demandent à l’Etat de rétablir l’ordre.
Le 10 février dernier, aux alentours de 21h30, des rafales de kalachnikov ont éclaté dans le quartier Pissevin, à l’ouest de Nîmes, dans le Gard. Près d’une quarantaine de tirs d’armes automatiques ont résonné ce soir-là, près d’une galerie marchande, dans cette zone sensible, classée prioritaire. Trois personnes ont été blessées.
Ce n’est pas la première fois que la capitale du Gard est en proie à de telles fusillades, en pleine rue. En janvier dernier, des coups de feu avaient déjà été tirés à Pissevin. Mais aussi en janvier 2016, avril et septembre 2017, avril 2018 et janvier, février, juin et décembre 2019, notamment dans ce quartier-là, mais aussi ceux de Valdegour, et du Chemin Bas d’Avignon, et, plus étonnant, dans des rues du centre-ville. Doit-on s’alarmer de la multiplication des tirs à l’arme automatique à Nîmes ?
« On a peur de prendre une balle perdue »
Pour Ali Karrim, habitant de Pissevin, et président de l’association des commerçants du quartier, les derniers événements furent un « choc ». « C’est monté d’un cran, ça a refroidit tout le monde, témoigne ce gérant d’une auto-école. La population se sent vraiment en insécurité physique. On ne voyait ça qu’à la télé, ou dans les quartiers du nord de Marseille. Là, c’est au pied de nos immeubles, près de la galerie marchande. Boire un café tranquille, on hésite, on a peur de prendre une balle perdue. »
Mais selon Eric Maurel, procureur de la République de Nîmes, la comparaison avec Marseille, qui est sur toutes les lèvres, est inappropriée, malgré la multiplication des tirs à l’arme automatique. « C’est grave, cette évolution est inquiétante, mais nous ne sommes pas sur les mêmes logiques, de gravité, de conquête ou de préservation du territoire, ou de succession, que connaît Marseille, ou même Avignon », confie le magistrat.
Des fusillades liées à des trafics de stupéfiants
Selon le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier (LR), qui a sollicité l’aide de l’Etat, il ne fait aucun doute : « Aujourd’hui, [les événements] ne relèvent plus de délinquance, mais d’une guerre de bandes rivales, liée à des trafics d’armes et de stupéfiants », assure l’élu. Oui, pour la « très grande majorité », les fusillades qui ont éclaté à Nîmes sont liées à des trafics de stupéfiants, confirme Eric Maurel. Mais impossible de savoir, en revanche, s’il s’agit d’affrontements entre bandes issues des quartiers de Nîmes, ou venues de l’extérieur. « Un travail sérieux est en cours », souligne le procureur.
Le 11 février dernier, au lendemain de la dernière fusillade, le préfet Didier Lauga, et les services de police, ont mené une opération « de sécurisation renforcée » dans le quartier. La préfecture a ainsi promis que « les effectifs de la police et des forces de sécurité complémentaires assureront par leur présence et leur intervention la sécurité de tous les habitants de Pissevin ». Didier Lauga, le préfet du Gard, a notamment annoncé ce soir-là une présence « plus fréquente » des forces de l’ordre, dans le quartier Pissevin. La création d’un commissariat dans cette zone est, elle, dans les cartons.
Cette présence policière supplémentaire sera-t-elle suffisante ? Le Conseil citoyen de Nîmes-Ouest appelle les habitants à se réunir, vendredi (15h), devant le bureau de poste, pour demander que des mesures concrètes soient mises en place dans le quartier Pissevin. « Nous demandons aux autorités de rétablir l’ordre républicain, que l’on puisse circuler librement, en toute sécurité, dans le quartier », reprend Ali Karrim.