DISPARITIONSFanfaron «adorable» ou «manipulateur violent»? Qui est Nordahl Lelandais?

Fanfaron «adorable» ou «manipulateur violent»? Qui est Nordahl Lelandais?

DISPARITIONSL’ancien militaire, déjà suspecté du meurtre de Maëlys, a été mis en examen ce mercredi pour l’assassinat du caporal Arthur Noyer…
Caroline Girardon

Caroline Girardon

Même s’il nie toute implication dans les faits qui lui sont reprochés, son dossier commence à être lourd. Nordhal Lelandais, mis en examen mercredi pour l’assassinat du caporal Arthur Noyer et en novembre, pour le meurtre et l’enlèvement de la petite Maëlys, continue d’intriguer les enquêteurs. Ces derniers n’excluent pas qu’il puisse être mêlé à d’autres disparitions survenues en Savoie ces dernières années. Sa personnalité troublante et difficile à cerner ne cesse d’interroger.

« Nono », un fanfaron qui « adore les enfants » et les chiens. Les clichés qu’il a postés de lui sur les réseaux sociaux lui donnent l’image d’un gars décontracté, un brin crâneur. Torse nu au volant de sa voiture, avec l’un de ses chiens sur le siège passager, ou soulevant une peluche devant la mer en gonflant ses biceps, l’homme affiche aussi un air de dur à cuire. Tête rasée, barbe de trois jours, visage carré. Il est pourtant dépeint comme un « sensible » au grand cœur si l’on en croit ses proches.

« C’est un garçon gentil qui ne ferait de mal à personne » affirme sa mère, interrogée sur RTL. Le contraire d’un voyou. « Innocent à 100 % », martèle son frère. La sœur abonde : « Il est très proche de mon fils avec qui il joue chaque fois qu’ils sont ensemble. Il n’a jamais eu de geste violent ou déplacé vis-à-vis de lui ». « Nono » comme le surnomme son entourage, adore les chiens et ne s’en cache pas. Engagé dans la marine et ancien maître-chien du 132e bataillon cynophile de l’armée de terre basé à Suippes, il s’est ensuite reconverti dans l’élevage canin. Mais d’autres témoignages décrivent un personnage beaucoup moins estimé.

Un « manipulateur » « violent » et menaçant envers ses ex. Les auditions de ses anciennes petites amies, interrogées par les enquêteurs dans le cadre de la disparition de Maëlys, ne plaident guère en sa faveur. Elles le décrivent avant tout comme un « manipulateur », un « menteur ». Un homme qui oscille entre violence et perversion. Un amant qui accepte mal les ruptures et qui n’hésite pas à traquer ou harceler ses concubines. Plusieurs ont raconté que Nordahl Lelandais les avait suivies en voiture avant d’essayer de les percuter et de les effrayer. L’une a également ajouté qu’elle avait été traînée de force dans un bois pour une explication musclée, croyant vivre ce jour-là « sa dernière heure ».

Un portrait qui contraste avec celui dressé par ses proches. Damien, copain d’enfance, cité par Le Parisien, décrit « un garçon sensible, qu’il a déjà vu pleurer à propos d’une histoire avec une fille ».

Un militaire « instable » et un salarié agressif. En 2007, après avoir passé cinq ans dans l’armée, Nordahl Lelandais est réformé. La raison ? Son « comportement psychologique instable » et son addiction à la drogue. La cocaïne en particulier. Interrogé par le Parisien, l’un de ses anciens employeurs avoue que le garçon lui a donné du fil à retordre. Un salarié « devenu ingérable et agressif qui lui faisait peur ». Et qui aurait menacé de mettre le feu à son entreprise, le jour où il a appris la fin de leur collaboration.

Accro aux pornos ? Là, encore même si ça ne fait pas de lui le coupable idéal, les enquêteurs ont relevé un comportement embarrassant. En épluchant ses connexions internet sur son téléphone portable dans le cadre de l’enquête sur la disparition du caporal Noyer, ils ont constaté que Nordahl Lelandais consultait régulièrement des sites pornographiques. Ce qu’avaient déjà affirmé ses anciennes compagnes. La plupart avaient également mentionné qu’il filmait leurs ébats sans les avertir. Voire qu’il les postait par la suite sur le Web.

Un homme de sang-froid, muré dans le silence. Confronté aux éléments qui le rendent suspect, Nordahl Lelandais a toujours clamé son innocence, affichant un étonnant sang-froid face aux enquêteurs. « Serein », l’ancien militaire donne l’air d’un « homme solide dans sa tête ». Il parle peu, préfère parfois se taire lorsque les questions l’embarassent et nie tout en bloc. Même lorsque sa voiture est repérée sur les caméras de surveillance, quelques minutes après la disparition de Maëlys, il répond avec aplomb qu’il ne s’agit pas de la sienne.

« Je pense que s’il était coupable de quelque chose, il serait différent. Il ne pourrait pas me mentir jusqu’à ce point-là », avait indiqué sa mère au Parisien après lui avoir rendu visite en prison. Les enquêteurs en tout cas, n’ont pas réussi à lui extirper le moindre début d’aveu.