Lyon: Menacés d'évacuation, les migrants abrités à l’université obtiennent un sursis
MIGRANTS•La présidence de Lyon-II laisse aux occupants de l’amphi jusqu’à 14 heures mercredi pour évacuer les lieux, avant de recourir à la force publique…Elisa Frisullo
L'essentiel
- Des migrants sont abrités depuis le 15 novembre, avec le soutien d’étudiants, dans un amphi du campus de Bron.
- Un hébergement provisoire est proposé aux réfugiés dans un gymnase de Meyzieu.
- Face à la mobilisation des étudiants, la présidence de Lyon-II, qui avait demandé l’évacuation de l’amphi avant vendredi soir dernier, a finalement laissé jusqu’à mercredi pour évacuer les lieux.
«Pas de flics dans nos murs, réfugiés en lieu sûr ». La banderole affichée dans l’amphi C de Lyon-II, donne le ton des derniers jours qui se sont écoulés sur le campus de Bron. Et de l’ambiance tendue qui s’annonce d’ici à mercredi. Après quinze jours d’occupation d’un amphithéâtre de l’université Lumière, les autorités ont finalement décidé d’ouvrir vendredi dernier un gymnase à Meyzieu pour accueillir, pendant dix jours, la cinquantaine de migrants abrités au sein de la fac depuis le 15 novembre.
Suite à cette mesure, la présidence de Lyon-II, qui se refusait à mettre ces personnes dehors et appelait l’Etat à assumer ses responsabilités en matière d’accueil des migrants, a demandé aux réfugiés accueillis dans l’amphi C de quitter lieux avant 17 heures le 1er décembre. Un ultimatum guère apprécié par les migrants et les dizaines d’étudiants mobilisées à leurs côtés, jugeant inacceptable la proposition d’hébergement « précaire » faite aux réfugiés.
Les étudiants indignés
« La présidente de Lyon 2, Nathalie Dompnier, a affirmé auprès de nous comme publiquement son soutien pour cette lutte et son souhait de trouver un hébergement durable et respectable pour tou.te.s. Jeudi soir, suite à de nombreuses pressions subies de la part du préfet du Rhône et du ministre de l’intérieur Gérard Collomb, cette même présidente est venue nous 'proposer une solution' : confiner les camarades migrants dans un gymnase excentré à Meyzieu pour une durée de 10 jours, avant d’être de nouveau jeté.e.s à la rue », se sont alors indignés les étudiants de l’Amphi C.
aFace à la mobilisation et après négociations, la présidente de Lyon-II a finalement accordé vendredi soir un délai supplémentaire aux migrants. « Nous avons dû prendre la décision de recourir à une évacuation, mais en vous laissant le temps de vous organiser. Nous ferons une réquisition, à contrecœur, de la force publique mercredi à 14 heures », a annoncé vendredi soir Nathalie Dompnier aux migrants et aux étudiants.
Des actions à venir
Pour protester contre l’expulsion et « la fausse solution » d’hébergement proposée par l’Etat, le collectif Amphi C solidaires appelle à un rassemblement mardi à midi devant la préfecture du Rhône. Une réunion est organisée lundi soir, au sein de l’amphi occupé, par les associations (Agir Migrants, Cimade, Jamais sans toit…) actives ces dernières semaines sur ce dossier.
Une assemblée générale est également prévue mardi soir à Bron pour déterminer, à la veille de l’évacuation, les suites à donner à l’occupation. « Aujourd’hui, nous gardons la même position. Tant qu’aucune solution pérenne et pleinement vivable ne sera trouvée par les pouvoirs publics, nous serons obligés de poursuivre l’occupation », indique à 20 Minutes l’un des étudiants de Lyon-II. « Mais aucune décision collective n’a encore été prise pour la suite. Notre priorité absolue reste le bien-être et la sécurité des migrants. Nous ne prendrons pas le risque de les mettre en danger », précise-t-il.