Terrorisme: Les marchés de Noël sont-ils bien sécurisés?
SECURITE•Un an après l’attentat de Berlin, la sécurisation des marchés de Noël fait l’objet d’une attention toute particulière…Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Le ministre de l’Intérieur se rend vendredi en Alsace pour passer en revue les dispositifs de sécurisation des marchés de Noël.
- Un an après l’attentat de Berlin, leur sécurisation fait l’objet de la plus grande attention.
Les stands de bretzels, les effluves de vin chaud, l’odeur des pains d’épices, un grand sapin (un peu) penché… Gérard Collomb est attendu ce vendredi après-midi à Strasbourg pour passer en revue le dispositif de sécurité du marché de Noël, l’un des plus anciens de France, où deux millions de visiteurs du monde entiers sont attendus. Après une visite de la salle de commandement, le ministre de l’Intérieur ira à la rencontre des forces de sécurité chargées de surveiller les allées du marché, bordées par plus de 300 chalets. « C’est important pour lui de se rendre sur le terrain, de rencontrer les différents acteurs et de montrer que les marchés de Noël sont sécurisés », confie-t-on place Beauvau.
Menace terroriste élevée
Cette année, un million d’euros sont consacrés à la sécurité de l’événement. Environ trois fois plus qu’avant les attentats de 2015. Même si Daesh a perdu une grande partie du territoire qu’il contrôlait en Irak et en Syrie, le niveau de la menace terroriste «reste évidemment élevé», comme l’a répété il y a quelques jours le premier ministre Edouard Philippe sur France Inter. Et personne n’a oublié qu’il y a tout juste un an, le 19 décembre 2016, le groupe terroriste frappait le marché de Noël de Berlin. Anis Amri, un Tunisien de 24 ans, avait lancé son camion dans la foule, tuant douze personnes et en blessant plus de 70 autres.
«Les mesures de sécurité qui s’imposent»
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un renseignement reçu par la police judiciaire concernant le marché de Noël de Reims avait été pris très au sérieux. Les policiers avaient entendu dire que plusieurs individus envisageaient d’attaquer le marché. Un braquage ? Un attentat ? Une enquête avait été ouverte afin de vérifier cette information, et six suspects avaient été interpellés et placés en garde à vue par le SRPJ. Finalement, cinq d’entre eux ont été libérés. Seul l’un d’eux, chez qui une kalachnikov avait été retrouvée, a été mis en examen et placé en détention provisoire. Les enquêteurs veulent savoir si elle a pu servir dans des affaires criminelles.
Dans la capitale alsacienne, les autorités ont décidé de dérouler un dispositif de sécurité similaire à celui de l’an dernier. « Nous devons prendre toutes les mesures de sécurité qui s’imposent », soulignait il y a quelques semaines Jean-Luc Marx, préfet de la région Grand Est. 140 agents de sécurité disposés sur 17 points de contrôle filtreront les accès à la grande île de Strasbourg, procéderont à des palpations de sécurité sur les visiteurs et fouilleront leurs sacs. Des blocs de béton et des fosses dans les voies du tramway doivent parer à une attaque au véhicule bélier tandis que les militaires de la force Sentinelle patrouilleront dans les allées.
Les premiers événements « sécurisés hors état d’urgence»
« Les marchés de Noël sont les premiers grands événements qui vont être sécurisés hors état d’urgence, depuis les attentats de 2015 », souffle-t-on dans l’entourage du ministre de l’Intérieur. Le projet de loi antiterroriste, adopté par le Parlement le 18 octobre dernier, a pris le relais de ce régime d’exception depuis le 1er novembre. Le texte permet l’instauration d’un périmètre de protection autour des lieux où sont organisés des événements d’importance, et autorise les forces de l’ordre à procéder à des contrôles aléatoires de personnes, comme l’avait expliqué Gérard Collomb à 20 Minutes en octobre dernier.
Enfin, le centre sera réservé aux piétons, et les véhicules motorisés seront soumis à des restrictions drastiques de circulation et de stationnement. Certes, malgré toutes les mesures déployées, « le risque zéro n’existe pas », rappelle le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries. Mais, ajoute l’édile, il n’est pas question de « céder au chantage du terrorisme ».