Nantes: Squattée depuis samedi, l'ex-école des beaux-arts évacuée par 150 policiers
MIGRANTS•L'ancienne école, propriété de la ville, avait été investie samedi après-midi par des militants et des jeunes migrants...Julie Urbach
L'essentiel
- Dimanche après-midi, un important dispositif de police s'est déployé quartier Bouffay à Nantes.
- Une cinquantaine de personnes, des militants pour la plupart, ont dû quitter les lieux.
Ambiance tendue ce dimanche en centre-ville de Nantes. Au lendemain de la « réquisition » de l’ancienne école des beaux-arts (quartier Bouffay) par des dizaines de militants et jeunes migrants, l’évacuation des lieux s’est déroulée cet après-midi, pendant environ trois heures. Quelque 150 policiers ont été mobilisés et ont bouclé le secteur, à la demande de la ville de Nantes, propriétaire de ces locaux vides depuis plusieurs mois.
Pendant de longues minutes, une cinquantaine de militants et quelques migrants qui se trouvaient toujours sur les lieux ont été sortis un à un. « Il n’y avait aucun mineur, détaille la police. Pas de dégradation non plus, mais un début d’organisation qui montrait que ces personnes étaient déterminées à rester. » Les services de la ville ont immédiatement commencé à murer les façades. Dans des sacs, ils ont aussi récolté les affaires des squatteurs, qui leur seront rendues, promet-on.
Les soutiens indignés
A l’extérieur, c’est l’indignation chez les nombreux militants qui ont assisté à la scène, parfois bruyamment. « Aujourd’hui, on estime à 200 le nombre de mineurs étrangers isolés qui dorment dehors ou dans des squats à Nantes, assure Annie Richard, de la LDH. Dès qu’ils trouvent un nouvel endroit, ils sont pourchassés. Encore une fois, c’est retour à la case départ. Quant aux trois principaux squatts, ils sont bondés. »
Joël, qui vient du Cameroun, dort d’habitude dans l’un d’entre eux. Ce jeune homme, qui assure être mineur, n’a pas été reconnu comme tel par le conseil départemental qui est chargé d’assurer une protection aux moins de 18 ans. Alors qu’il a engagé un recours en justice, il raconte n’avoir pas de vrai toit pour s’abriter, depuis huit mois. Il a passé la nuit à l’école. « Ici, c’était plus confort. Ça donnait de l’espoir », juge celui qui regagnera probablement son squat dès ce soir.
Dix logements mis à disposition dès lundi
Cette nouvelle expulsion remet donc sur le devant de la scène une thématique qui ne l’est pas. Présent aussi sur les lieux, le conseiller municipal EELV Jean-Paul Huard, qui soutenait cette occupation, souhaite remettre le débat sur la réquisition des logements vides à l’ordre du jour. « Ce bâtiment est immense, il est en partie chauffé et éclairé, détaille Jean-Paul Huard. Il est idéal pour loger ces gens qui en ont besoin. En attendant, dès qu’on aborde cette question en conseil, les discussions n’aboutissent pas. »
Dans la foulée, Johanna Rolland, la maire (PS) de Nantes, a annoncé la mise à disposition à l’Etat, dès lundi, de « dix logements » pour « faire face à cette situation d’urgence ». Se disant « mobilisée pour favoriser un accueil digne et respectueux des droits des personnes sur son territoire », elle indique cependant que l’ancienne école des beaux-arts n’est « ni adaptée ni sécurisée » pour l’hébergement de personnes. Johanna Rolland annonce qu’elle saisira le ministère de l’Intérieur sur la question.