Griffures, crachats, coups... Les agressions contre les pompiers ont explosé en 2016
SECURITE•Selon une étude de l'Observatoire nationale de la délinquance et des réponses pénales, elles ont augmenté de 17,6 % par rapport à 2015...Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Les agressions commises contre les pompiers ont augmenté de 17,6 % en 2016.
- C'est en Nouvelle-Aquitaine qu'il y en a eu le plus.
C’était le 6 novembre dernier. 250 soldats du feu manifestaient à Lyon pour exprimer leur ras-le-bol d’être pris pour cible durant leurs interventions. Il faut dire que les agressions commises contre les pompiers sont en forte hausse en 2016. Selon une étude publiée ce mercredi par l’ Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), elles ont augmenté de 17,6 % par rapport à 2015. Cette année-là, 1.939 pompiers avaient déclaré avoir été victimes de violence. En 2016, il y en a eu 2.280, soit 341 de plus.
+ 207,6% en Nouvelle-Aquitaine
C’est en Nouvelle-Aquitaine que les pompiers sont le plus pris à partie, avec 406 agressions déclarées. Les agressions commises à leur encontre ont augmenté de 207,6 % en un an. Suivent les Hauts-de-France et la région Rhône-Alpes, qui est pourtant la seule région à enregistrer une baisse du nombre de déclaration de pompiers blessés en intervention par rapport à l’année précédente.
Il y a, en France, environ 245.000 pompiers. Un peu plus de la moitié (52,1 %) de ceux qui ont été victimes d’agression en 2016 étaient des professionnels. 40,5 % des victimes sont des pompiers volontaires et 7,3 % des militaires, comme à Paris ou à Marseille. « C’est une tendance qui s’inscrit sur le long terme » puisque cette hausse a commencé en 2008 et s’est accentuée à partir de 2013, remarque Christophe Soullez, directeur de l'ONDRP.
Par ailleurs, en 2016, 414 véhicules ont été détériorés lors de missions assurées par les pompiers. Leur nombre a augmenté de 45,7 % par rapport à l’année précédente. En 2015, 284 véhicules avaient subi des dommages. C’est en Ile-de-France qu’il y en a eue le plus (176).
« Ces chiffres ne nous surprennent pas, ils sont en ligne avec la hausse des violences physiques enregistrée chaque année en France, et qui affecte aussi d’autres professions comme les personnels hospitaliers », déplore le colonel Eric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Il demande notamment une modification de la loi pour leur permettre de porter plainte de manière anonyme, car « avec plus de 7.000 casernes réparties dans toute la France, ils peuvent parfois avoir à porter plainte contre leur voisin ».
« Souffres-douleur de ceux qui font trop la fête »
Selon le directeur de l’Observatoire, interrogé sur BFM TV, les pompiers sont souvent pris à partie par « ceux qui sont pris en charge par les services de secours, et qui sont parfois désorientés, alcoolisés, tendus ». Christophe Soullez ajoute que les agressions ont aussi lieu lors d’interventions « dans les quartiers difficiles, dans les banlieues, où là ils vont être un peu assimilés à des représentants de l’institution, aux symboles de l’Etat, et avec l’uniforme aux forces de police ».
A Paris et en proche banlieue, « les agressions ont lieu partout, dans les quartiers difficiles comme dans les quartiers privilégiés, où les pompiers deviennent parfois les souffres-douleur de ceux qui font trop la fête » ou de « ceux qui sont dans la solitude et la détresse », remarque le lieutenant-colonel Gabriel Plus, porte-parole de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. « Ce sont surtout des griffures, des crachats, des coups. »