VIDEO. Attentats du 13-Novembre: Deux ans après, où en est l'enquête?
TERRORISME•Deux ans après les attentats qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis, une quinzaine de personnes sont mises en examen ou sont visées par un mandat d’arrêt dans ce dossier hors norme…Thibaut Chevillard avec Caroline Politi
L'essentiel
- Le 13 novembre 2015, 130 personnes ont été tuées à Paris et à Saint-Denis dans des attentats revendiqués par Daesh.
- Deux ans plus tard, l’enquête se poursuit afin de reconstituer le réseau responsable de l’attaque et d’identifier les commanditaires.
225 tomes de procédures, 28.000 PV d’audition, 2.600 parties civiles… C’est un dossier hors norme qui est instruit par six juges antiterroristes du parquet de Paris. Du jamais vu dans les annales judiciaires. Depuis deux ans, les magistrats travaillent sans relâche pour assembler les pièces du puzzle, reconstituer l’ensemble du réseau responsable des attaques du 13-Novembre, dans lesquelles 130 personnes ont été tuées à Paris et à Saint-Denis. Un travail de fourmis qui commence malgré tout à porter ses fruits.
Si une grande partie des membres de la cellule terroriste ont été tués dans l’attaque, d’autres individus ont pu être interpellés. Au total, huit hommes ont été mis en examen en France et ont été écroués, dont un en Belgique. Parmi eux, Salah Abdeslam, seul membre des commandos du 13-Novembre encore en vie. Trois de ses proches sont suspectés de l’avoir aidé à fuir au lendemain des attentats. Un autre homme est mis en cause dans la fabrication de faux papiers utilisés par les terroristes. Deux autres, arrêtés en Autriche en décembre 2015, sont suspectés d’avoir été eux aussi missionnés pour participer aux attaques, mais en ont été empêchés.
De « très fortes connexions » entre les attentats en France et en Belgique
Les juges d’instruction ont également émis cinq mandats d’arrêt européen à l’encontre d’individus détenus en Belgique. Parmi eux, Mohammed Abrini, mis en examen en France le 30 janvier 2017, et surnommé « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles. Les investigations ont en effet « révélé de très fortes connexions entre les attentats du 13-Novembre mais aussi d’autres attentats en France et en Belgique », a rappelé vendredi le procureur de la République de Paris, François Molins, sur France Info. Ainsi, certains noms, comme celui d’ Abdelhamid Abaaoud, apparaissent dans plusieurs dossiers.
Coordinateur des attaques du 13-Novembre, ce belgo-marocain serait aussi à l’origine de l’attaque du Thalys, en août 2015. L’assaillant, Ayoub El Khazzani, qui avait été maîtrisé par des militaires américains après avoir blessé deux passagers, a indiqué avoir agi sur ses ordres. Un autre homme, Mohamed Bakkali, aussi inculpé dans la procédure belge sur l’attaque du train Amsterdam-Paris, est également soupçonné d’être un logisticien des attentats de Paris et de Saint-Denis. Par ailleurs, deux hommes, identifiés comme des personnages clés, et qui se trouvent sans doute toujours en zone irako syrienne, font eux aussi l’objet d’un mandat d’arrêt. Ahmad Alkhad serait l’artificier en chef du groupe, Ousama Attar l’un des commanditaires des attaques.
Vers un procès hors-norme
Les investigations se poursuivent. Les magistrats ont récemment demandé à la Turquie la remise à la France d’un homme qu’ils soupçonnent d’être un logisticien de la cellule terroriste. « Il n’est pas exclu qu’il y ait d’autres mises en examen dans ce dossier. L’enquête n’est pas stabilisée. Il y a encore des pistes à explorer », confie à 20 Minutes une source judiciaire. Les magistrats espèrent aussi que d’éventuelles captures de djihadistes en zone irako-syrienne permettent d’éclairer certaines zones d’ombre du dossier.
Les juges d’instruction ont indiqué, au cours d’une réunion avec les parties civiles, espérer terminer l’enquête au printemps 2019. Se posera ensuite la question de l’organisation du procès des mis en cause qui sera, lui aussi, hors norme. Le dernier de cette ampleur, le procès Chalabi, s’était tenu en 1998, pendant quatre mois. 134 personnes avaient été renvoyées devant le tribunal. Le procès avait été organisé dans un gymnase de Fleury-Mérogis (Essonne).