TERRORISMEComment Ahmed H. pouvait-il être connu de la police sous sept identités ?

VIDÉO. Attentat à Marseille: Comment Ahmed Hanachi pouvait-il être connu de la police sous sept identités?

TERRORISMEL'homme qui a tué deux jeunes femmes, dimanche, à Marseille, a été formellement identifié par les enquêteurs. Il était connu des services de police sous sept identités différentes...
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • L’homme qui a tué samedi deux jeunes femmes à Marseille a été formellement identifié.
  • Ce ressortissant tunisien avait déjà été interpellé à « sept reprises depuis 2005 sous sept identités différentes », selon le procureur de Paris.
  • Une situation assez fréquente, selon plusieurs sources.

Deux jours après les faits, il a enfin été identifié. Le terroriste qui a tué à coups de couteau deux jeunes femmes, dimanche, sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille est un ressortissant tunisien, appelé Ahmed Hanachi, apprend 20 Minutes de source judiciaire.

Interpellé à « sept reprises depuis 2005 sous sept identités différentes »

L’identité figurant sur le passeport qu’il avait présenté aux policiers français qui l’avaient placé en garde à vue pour des faits de vols à l’étalage, vendredi à Lyon, est bien la bonne. Si l’identification de l’assaillant de Marseille a pris un peu de temps, c’est parce qu’aucun papier n’a été retrouvé sur lui.

En comparant ses empreintes digitales avec le fichier national, les enquêteurs ont découvert que cet homme avait déjà été interpellé à « sept reprises depuis 2005 sous sept identités différentes » pour des faits de droit commun, a indiqué le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d’une conférence de presse. Toutefois, aucun casier judiciaire n’était rattaché à ces différents alias.

« C’est quelque chose que l’on retrouve régulièrement »

Comment expliquer qu’Ahmed Hanachi était connu des services de police sous de multiples identités ? « Sans que cela soit très fréquent, c’est quelque chose que l’on retrouve régulièrement avec les délinquants d’habitude », explique à 20 Minutes Jacky Coulon, secrétaire national de l’Union syndicale des magistrats. Lorsqu’une personne, suspectée d’avoir commis un crime ou un délit est placée en garde à vue, « elle est signalisée, c’est-à-dire qu’elle est photographiée, et on prend ses mesures et ses empreintes digitales », ajoute-t-il.

Ses empreintes sont transmises au Faed (fichier automatisé des empreintes digitales) « pour savoir si elle est connue sous d’autres identités », explique à 20 Minutes une source policière bien informée. « Si c’est le cas, on consulte, par exemple, le TAJ ( traitement d’antécédents judiciaires) », un fichier qui regroupe des informations sur les personnes mises en cause dans des enquêtes ou sur des victimes d’infractions. Selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), plus de 9 millions de personnes sont inscrites dans ce fichier en qualité de mises en cause. Ensuite, le Faed fait parvenir aux enquêteurs « un rapport », « une sorte de résumé succinct », qui est alors « intégré à la procédure ».

« Il ne va pas aller en prison parce qu’il ne veut pas nous donner son identité »

Il n’est pas obligatoire, en France, de posséder une carte d’identité. Si une personne n’en a pas sur elle au moment de son placement en garde à vue, c’est le nom qu’elle déclare aux policiers qui sera indiqué dans la procédure. « Si au cours d’une autre interpellation, elle communique une identité différente, alors on se retrouve dans la même situation. Tant que son identité n’est pas confirmée, ça se passe comme ça », nous explique une autre source policière.

C’est ainsi qu’on peut découvrir, au cours d’une enquête, qu’une personne mise en cause est déjà fichée sous d’autres noms. On dit alors qu’elle a plusieurs alias. « Cela n’a rien d’anormal, c’est assez fréquent », précise un enquêteur. « On rend compte de cela au parquet, mais il ne va pas aller en prison parce qu’il ne veut pas nous donner son identité. On n’a pas de moyen de coercition », remarque notre autre source policière.

Une avocate pénaliste consultée par 20 Minutes, souligne que « même s’il donne un faux nom, il ne peut pas être poursuivi pour usurpation d’identité ». Néanmoins, l'article 781 du Code de procédure pénal prévoit que quiconque « fourni des renseignements d'identité imaginaires qui ont provoqué ou auraient pu provoquer des mentions erronées au casier judiciaire » est puni de 7.500 euros d'amende.