Affaire Grégory: Murielle Bolle reste en détention, la soirée du 5 novembre 1984 au cœur de l’enquête
JUSTICE•Murielle Bolle a été maintenue en détention, le temps que les enquêteurs comprennent pourquoi elle a changé de version après une soirée en famille le 5 novembre 1984...Vincent Vanthighem
L'essentiel
- Murielle Bolle a été maintenue en détention provisoire, ce mardi.
- En 1984, elle avait accusé Bernard Laroche avant de se rétracter.
- Les enquêteurs pensent qu’elle a subi des pressions de sa famille.
A la cour d’appel de Dijon (Côte d’Or),
Remonter le temps et remettre les pendules à l’heure par la même occasion. Chargés de l’enquête sur la mort du petit Grégory, le 16 octobre 1984, les enquêteurs concentrent actuellement leurs investigations sur la soirée du 5 novembre de la même année. En attendant de savoir ce qu’il s’est exactement passé ce jour-là, la cour d’appel de Dijon (Côte d’Or) a décidé, mardi, de maintenir Murielle Bolle en détention provisoire.
Mise en examen pour enlèvement suivi de la mort du garçonnet de 4 ans jeudi dernier, Murielle Bolle était rentrée dans sa famille, le 5 novembre 1984, après avoir passé trois jours avec les gendarmes. Celle que l’on surnommait alors « Bouboule » leur avait raconté que Bernard Laroche, son beau-frère, avait kidnappé le petit Grégory dans sa Peugeot 305 vert gris. Même qu’elle était assise sur le siège passager, à ce moment-là. Mais le lendemain matin, elle se présentait au palais de justice pour se rétracter et finalement innocenter son beau-frère.
Selon un cousin, Murielle s’est fait « lyncher » par sa famille
Les enquêteurs ont toujours pensé que l’adolescente de 15 ans avait changé de version sous la pression de ses proches. Trente-deux ans après, ils disposent d’un nouveau témoignage accréditant leur thèse. Un cousin de Murielle s’est, en effet, manifesté le 17 juin pour raconter que la jeune fille avait subi, ce soir-là, un « recadrage en règle » par sa famille. Laissant entendre que sa première version était donc la bonne.
Mèche de cheveux arrachée, insultes crasses et coups en cascade, il assure avoir été présent dans la maison jaune de Laveline-devant-Bruyères (Vosges) quand la jeune fille a été « lynchée » afin qu’elle se rétracte. « Ce que ce cousin raconte est impossible, assure, aujourd’hui, Jean-Paul Teissonnière, l’avocat de Murielle Bolle. Les personnes dont il parle n’étaient pas présentes dans la maison ce soir-là… »
Marie-Ange Laroche est « consternée et désespérée »
Pourtant, P.F., ce cousin de 54 ans, n’est pas le premier à parler de cette drôle de soirée. Le dossier contient notamment le témoignage de voisins qui ont entendu des cris franchir les murs de la maison. Sans parler des propos d’une ancienne infirmière aujourd’hui décédée qui a assuré avoir recueilli des confidences de Murielle Bolle incriminant indirectement Bernard Laroche.
Abattu, en 1985, par le père du petit Grégory qui était persuadé de sa culpabilité, Bernard Laroche ne pourra plus éclairer les enquêteurs. Sa veuve, Marie-Ange est « consternée et désespérée par la tournure des événements », explique son avocat Gérard Welzer. « Selon elle, ce cousin n’était pas présent à la maison le 5 novembre. Il dit donc n’importe quoi. Et personne ne se demande pourquoi il n’a pas parlé avant ! »
Les gendarmes, si. S’ils ne trouvent pas trace de son nom dans le dossier pourtant volumineux de l’affaire Grégory, ils prennent toutefois son histoire au sérieux. « Son témoignage est précis, crédible et circonstancié », indique ainsi une source proche du dossier. Seul moyen de savoir qui ment ? Organiser une confrontation entre Murielle Bolle et son cousin. Selon notre source, cela devrait se faire « très prochainement ».