JUSTICEAffaire Grégory: La chasse au «corbeau» est rouverte

Affaire Grégory: La chasse au «corbeau» est rouverte

JUSTICELes trois personnes placées en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la mort du petit Grégory font toutes partie du premier cercle familial…
Caroline Politi, Vincent Vantighem et Thibaut Chevillard

Caroline Politi, Vincent Vantighem et Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Le petit Grégory Villemin a été assassiné en 1984
  • Trois membres de la famille Villemin sont en garde à vue depuis mercredi
  • Le procureur général de Dijon doit s'exprimer, ce jeudi, à 16h

Se pencher sur l’affaire Grégory, c’est avant tout se plonger dans les rivalités et les querelles familiales. D’emblée, les enquêteurs ont acquis la certitude que le meurtrier fait partie de l’entourage familial direct du garçonnet assassiné. Entre 1981 et 1984, ses grands-parents, ses parents et plusieurs de ses oncles et tantes ont reçu plus d’un millier d’appels malveillants. Parfois silencieux, parfois insultants… Le « corbeau » a également envoyé des lettres de menaces. Jusqu’à la dernière reçue par les parents le lendemain du meurtre : « J’espère que tu mourras de chagrin le chef. Ce n’est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con. »

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Trente-deux ans après la découverte du cadavre du petit garçon dans les eaux de la Vologne, les gendarmes ont donc arrêté et placé en garde à vue trois membres de la famille Villemin. Le grand-oncle du petit Grégory, sa femme mais aussi la tante par alliance. Aucun de ces noms n’est nouveau. Tous apparaissent à un moment ou un autre dans la procédure. Tour d’horizon.

Infographie sur la famille Villemin.
Infographie sur la famille Villemin. - LAURENCE SAUBADU, VINCENT LEFAI / AFP
  • Marcel Jacob, le grand-oncle de Grégory
Aumontzey (Vosges). La maison de Marcel Jacob et de son épouse où ils ont été interpellés, le 14 juin 2017.
Aumontzey (Vosges). La maison de Marcel Jacob et de son épouse où ils ont été interpellés, le 14 juin 2017. - PATRICK HERTZOG / AFP

Marcel Jacob, le grand-oncle de Grégory ainsi que son épouse, Jacqueline, ont été interpellés mercredi matin, à leur domicile d’Aumontzey (Vosges). Cet homme est le frère de Monique, la grand-mère du garçonnet tué. Son nom est revenu à plusieurs reprises dans le dossier, notamment en raison des mauvaises relations qu’il entretient avec Albert Villemin, le grand-père de Grégory et les parents du petit. Il semble particulièrement exécrer Jean-Marie, le père de la jeune victime, figure de l'ascension professionnelle. Quelques semaines avant la mort de l’enfant, il lui avait violemment reproché sa réussite sociale.

Il est, en revanche, très proche de Bernard Laroche. Ce dernier fut le suspect numéro 1 au tout début de l’enquête, avant d’être finalement relâché lorsque les investigations s’orientent vers la mère de Grégory. En 1993, elle est définitivement disculpée par la cour d’appel de Dijon. Qui renforce la piste du meurtre de Grégory par Bernard Laroche. Mais il est trop tard pour explorer cette piste : convaincu de sa culpabilité, Jean-Marie Villemin l’a assassiné en 1985. « L’enquête les concernant a été entreprise trop tard pour avoir des chances sérieuses d’aboutir à un résultat incontestable », déplore la cour d’appel de Dijon dans son arrêt rendu en 1993.

Les magistrats notent également des éléments troublants à l’encontre de Marcel Jacob. Le jour du meurtre, son emploi du temps, tout comme celui de sa femme, n’est pas clair. Il a également été un temps soupçonné d’être le « corbeau ». Non seulement certaines expertises graphologiques le désignent comme possible « corbeau », mais il a également fait mention d’une lettre anonyme dans une altercation.

  • Jacqueline Jacob, l’épouse de Marcel

Epouse de Marcel, Jacqueline Jacob n’a été convoquée par les enquêteurs que sept ans après les faits, en 1989. Agée de 72 ans aujourd’hui, celle-ci n’avait pas daigné se déplacer à l’époque sans fournir d’explications. La seconde audition organisée en 1991 n’a pas été beaucoup plus fructueuse. Si cette fois-là, la grand-tante du petit Grégory s’est rendue à la convocation des enquêteurs de la section de recherches de Dijon, elle s’est montrée « réticente » à répondre à leurs questions.

Impossible de savoir si les actuels enquêteurs ont eu plus de succès avec elle. Ils doivent sans doute l’interroger sur les nombreux écrits du « corbeau ». Une expertise réalisée en 1991 par deux experts avait mis en lumières « certaines concordances troublantes entre son écriture en lettres d’imprimerie » et deux lettres envoyées par le mystérieux « corbeau ».

  • Ginette Villemin, la tante par alliance de Grégory
Ginette Villemin (à gauche) et son mari, Michel, (à droite) en 2010.
Ginette Villemin (à gauche) et son mari, Michel, (à droite) en 2010. - JEFF PACHOUD / AFP

Le 16 octobre 1984, peu après 17h30, Michel Villemin est le premier à donner l’alerte de la disparition du petit Grégory. Il a toujours assuré avoir reçu un coup de fil du « corbeau » revendiquant l’assassinat du garçonnet de 4 ans, dont le corps sera retrouvé, à 21h15, dans les eaux de la Vologne.

Michel Villemin est décédé en 2010. Et c’est sans doute pour cela que les gendarmes ont interpellé, mercredi, son épouse, Ginette, dans le petit village d’Arches (Vosges). En se mariant avec le frère cadet de Jean-Marie Villemin, cette femme aujourd’hui âgée de 61 ans, était devenue la tante par alliance du petit Grégory.

>> Diaporama : Retour sur toute l’affaire Grégory

Mais les relations entre les deux couples n’étaient pas au beau fixe. Dans un arrêt rendu en 1993, la cour d’appel de Dijon (Côte d’Or) explique que les parents du petit Grégory « étaient persuadés, à tort ou à raison, que Michel et Ginette Villemin étaient soit les auteurs des appels téléphoniques anonymes, soit les informateurs du ‘’corbeau’’ ».

Extrait de l'arrêt rendu en 1993 par la cour d'appel de Dijon.
Extrait de l'arrêt rendu en 1993 par la cour d'appel de Dijon. - COUR D'APPEL DE DIJON

Très agité le soir des faits, Michel Villemin ava

it été brièvement placé en garde à vue par les enquêteurs. « Souffrant d’analphabétisme, aigri et jaloux », selon l’arrêt de la cour d’appel de Dijon, il était également sujet à des « crises nerveuses ». Le 25 août 1991, il a, par exemple, tenté de mettre le feu à la maison familiale, entraînant le départ de son épouse, Ginette, et de leurs deux enfants.

Dissimulant aux enquêteurs leur proximité avec Bernard Laroche quand celui-ci était suspecté des faits, Michel et Ginette Villemin ont logiquement fait l’objet d’une comparaison graphologique afin de déterminer s’ils étaient les « corbeaux ». Mais un rapport d’expertise rendu en 1991 n’ayant fait état d’aucunes « analogies entre leurs écrits et les pièces à conviction », ils avaient été mis hors de cause.

  • Monique Villemin, la grand-mère de Grégory

La scène se passe en octobre 1987. Alors qu’elle se recueille avec son mari sur la tombe de son petit-fils, Grégory, tué trois ans plus tôt, Monique Villemin prend le temps de répondre aux questions des journalistes venus l’interviewer. Visiblement très émue, elle profite de la présence d’une caméra pour demander aux meurtriers du garçon de quatre ans de se dénoncer. « C'est pas une vie, de vivre comme ça », lâche la dame âgée.

Trente ans plus tard, la justice la soupçonne d’avoir adressé, en 1989, au juge Maurice Simon, un courrier le menaçant de mort. Dans cette lettre anonyme, l’auteur met en cause « comme étant les auteurs du crime, les parents de l’enfants », explique au cours d’une conférence de presse Jean-Jacques Bosc, procureur général près la cour d'appel de Dijon. « Manifestement ce courrier avait pour objet d’influer le cours de l’enquête qui s’orientait vers la thèse de l’innocence de Christine Villemin », la mère de Grégory, estime le magistrat.

Mercredi, les enquêteurs de la section de recherche de Dijon se sont rendus dans les Vosges afin d’auditionner chez eux Monique et Albert Villemin. Cette « femme de caractère qui a l’ascendant sur le reste de cette famille», comme l’explique l’Est Républicain, a toujours assuré avoir, elle aussi reçu, plusieurs coups de fil anonymes ainsi que deux lettres annonçant le drame qui allait se nouer à quelques kilomètres de chez elle. Aujourd’hui, elle fait partie des principaux suspects.

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