CRISE SOCIALELes Guyanais demandent un «statut particulier» pour leur territoire

Crise en Guyane: Négociations suspendues alors que les Guyanais demandent un statut particulier

CRISE SOCIALELes ministres de l’Intérieur Matthias Fekl et des Outre-mer Ericka Bareigts avaient annoncé samedi une trentaine d’engagements…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les discussions se sont arrêtées ce dimanche matin sans qu'un compromis satisfaisant les leaders du collectif n'ait pu être trouvé. Ils dénoncent un lien «trop centralisé et vertical» avec Paris. Les organisateurs du mouvement social en cours en Guyane ont réclamé samedi un « nouveau statut » pour ce territoire, répondant à l’annonce d’un milliard d’euros d’engagements en faveur de la collectivité, faite par les ministres de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Matthias Fekl et Ericka Bareigts.

« Le gouvernement a entendu les aspirations et les demandes des Guyanais », ont déclaré les ministres lors d’une conférence de presse commune. Moins d’une heure plus tôt, Matthias Fekl avait listé une série de « décisions fermes et sans appel », à une délégation d’une cinquantaine de Guyanais.

Un lien « trop centralisé et vertical avec Paris », qui empêche la Guyane « d’avancer »

Le total des engagements, pour la plupart des « mesures d’urgence » mais dont certains courent sur dix ans, a été chiffré à 1,085 milliard d’euros par Ericka Bareigts. Alors que ces propositions avaient rapidement été qualifiées de « non satisfaisantes », la délégation, après avoir passé l’après-midi à les étudier, a redémarré à 18h30 (23h30 à Paris) les négociations avec la seule ministre des Outre-mer, Matthias Fekl s’étant envolé pour la métropole quelques heures plus tôt.

Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé », qui regroupe l’ensemble des mouvements protestataires, « demande au président de la République et au gouvernement d’entamer les discussions avec la société guyanaise afin d’ouvrir un débat clair, transparent, visant à doter notre pays, trop éloigné des centres de décisions hexagonaux, un statut particulier pour la Guyane », a déclaré Davy Rimane, un membre de la délégation, provocant les vivats de la foule.

Peu après, il a justifié cette exigence par la volonté de se débarrasser d’un lien « trop centralisé et vertical avec Paris », qui empêche la Guyane « d’avancer ». Un référendum sur l’autonomie de la Guyane s’était tenu en 2010. Le « non » l’avait largement emporté. « Mais cette crise est l’expression de l’échec de ce référendum, a observé Gauthier Horth, un autre membre du collectif. Car le cadre réglementaire n’est pas du tout en adéquation avec la réalité guyanaise. »

Sécurité, justice, éducation et santé

Une trentaine d’engagements avaient été énumérés par les ministres, sur plusieurs thèmes :

Sécurité. Le ministre de l’Intérieur a notamment mentionné la « pérennisation d’un escadron de gendarmes mobiles en Guyane », l’arrivée de 50 gendarmes et policiers en renfort dès 2017, auxquels 80 gendarmes s’ajouteront entre 2018 et 2020, ainsi que l’augmentation de 50 % du nombre de réservistes, dont le nombre passera de 200 à 300, autant de « décisions fermes du gouvernement ».

Justice. Au niveau judiciaire, il a confirmé la construction d’un tribunal de grande instance et d’une prison à Saint-Laurent du Maroni, chiffrés respectivement à 30 et 50 millions d’euros.

Il a également annoncé la mise en place de discussions diplomatiques avec les voisins de la Guyane pour mettre un terme à la délinquance venant de ces pays.

Education. Ericka Bareigts a, de son côté, fait état de 400 millions d’euros pour l’éducation, qui enregistre selon elle « un retard considérable », dont 250 millions alloués sur cinq ans à la construction de collèges.

Santé. La ministre des Outre-mer a également précisé que 85 millions d’euros seraient investis dans le système de santé guyanais, dont 65 attribués à l’hôpital de Cayenne, avec notamment 40 millions pour se « moderniser ».