Pénélope Fillon devant les enquêteurs: «J’ai été déçue de ne pas être plus sollicitée»
JUSTICE•Lors de sa première audition, le 30 janvier, Pénélope Fillon a détaillé la liste des tâches qui lui incombait. Elle est convoquée mardi en vue d'une éventuelle mise en examen...L.Br.
Mardi, à moins d’un changement de dernière minute, Pénélope Fillon se présentera devant les juges d’instruction chargés de statuer sur une éventuelle mise en examen. Comment se justifiera la femme du candidat Les Républicains à la présidentielle? Se contentera-t-elle d’une simple déclaration comme son mari ou utilisera-t-elle le même système de défense que lors de son audition du 30 janvier, dont le JDD se fait l’écho ce dimanche.
Pour rappel, Pénélope Fillon est ciblée par une enquête pour recel de détournement de fonds publics dans le cadre de son emploi présumé fictif d’assistante parlementaire, recel d’abus de biens sociaux concernant son travail à la Revue des deux mondes et pour escroquerie aggravée à la suite de la découverte d’un document lors d’une perquisition.
Traitement de courrier
Concernant son emploi d’assistante parlementaire auprès de son mari entre 1998 et 2002, Pénélope Fillon a livré le détail de ses missions. « Je m’occupais du courrier arrivant à notre domicile, demandes d’administrés, problèmes personnels de gens en difficulté, sollicitations diverses », a-t-elle détaillé. Elle rédigeait aussi des « fiches et des mémos » pour son mari, et le représentait parfois sur le terrain, « notamment dans les événements culturels qui l’intéressaient moins ». Un travail exercé depuis son domicile sarthois, jamais à l’Assemblée nationale. Pour cette fonction, elle recevait un salaire de 3.340 euros par mois.
Elle confirme également avoir travaillé auprès de Marc Joulaud entre 2002 et 2017, le suppléant sarthois de François Fillon. A ses côtés, elle représentait son mari, dont « l'influence » restait « importante » dans la région. A cette époque-là, elle vivait à Paris avec son mari. Quand les enquêteurs lui ont demandé quelles missions elle effectuait pour Marc Joulaud depuis la capitale, Pénélope Fillon ne s'est pas démontée. « Par exemple, j’emmenais le courrier reçu au domicile du week-end pour le traiter à Paris. » Là encore, rappelle le JDD, sans jamais se rendre à l’Assemblée nationale. Et si personne n’a jamais entendu parler de son rôle, c’est à cause de son « souhait de rester dans l’ombre », notamment « pour des raisons de caractère ».
« Je n’y suis jamais allée »
Deuxième affaire délicate : son emploi à la Revue des deux mondes. Entre juillet 2012 et novembre 2013, elle est salariée de la Revue à temps plein, pour 3.900 euros net mensuels. Comment justifier ce salaire élevé alors que seules deux notes de lecture ont été publiées, lui demandent les enquêteurs. Pénélope Fillon affirme ne pas avoir eu « de prétentions salariales » et n’avoir jamais abordé la question avec Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire du titre et ami de François Fillon. Elle reconnaît néanmoins avoir « pensé que c’était généreux » lorsqu’elle a appris le montant de son salaire.
Pendant 20 mois, la durée de sa mission, son rôle au sein de la rédaction était de dispenser des conseils « oraux » à Marc Ladreit de Lacharrière. Mais lorsque les enquêteurs lui demandent de décrire les locaux de La revue des deux mondes, Pénélope Fillon en est incapable. Et pour cause. « Je n’y suis jamais allée », reconnaît-elle. Et de préciser: « J’ai été déçue de ne pas être plus sollicitée. » En novembre 2013, Pénélope Fillon démissionne de la Revue après avoir rédigé plusieurs notes de lecture dont la majorité n'ont jamais été publiées.
Un brouillon à charge
Le dernier volet de l'enquête visant Pénélope Fillon concerne une déclaration d’heures travaillées trouvée lors de la deuxième perquisition à l’Assemblée nationale en mars 2017. Selon le JDD, au printemps 2012, l’épouse de François Fillon déclarait « 14 heures de travail mensuel » à la Revue des deux mondes, alors qu’elle y exerçait un temps plein. Dans une deuxième fiche, « les enquêteurs ont découvert un brouillon de cette fiche de renseignement dans lequel était inscrit cette fois « 30 heures ». Toutes deux ont été signées de la main de Pénélope Fillon.
A l’issue de son audition de mardi, la femme de François Fillon pourrait être mise en examen, ou être placée sous le statut plus favorable de témoin assisté.