SANTELutte contre l'anorexie: La loi mannequins n'est toujours pas appliquée

Lutte contre l'anorexie: La loi mannequins n'est toujours pas appliquée

SANTELa loi a pourtant été promulguée il y a un an déjà…
Anissa Boumediene

A.B.

Les jours se suivent et se ressemblent au pays de la mode. Et sur les catwalks, ce sont les mêmes jambes ultrafines, les mêmes visages émaciés et les mêmes silhouettes décharnées qui défilent. Presque un an jour pour jour après la promulgation de la loi santé portée par Marisol Touraine, force est de constater que les deux articles de la loi mannequins ne sont toujours pas appliqués.

Les deux mesures visant àcombattre la maigreur excessive dans le milieu de la mode avaient pourtant été unanimement saluées lors de leur adoption. Sur le papier, les articles 19 et 20 de la loi consistent à imposer la mention « photographie retouchée » sur les très répandus clichés photoshopés des magazines. Autre mesure : instaurer une visite médicale obligatoire avec un médecin du travail et un indice de masse corporelle (IMC) minimal en deçà duquel les modèles ne peuvent pas travailler dans l’hexagone. Objectif : lutter contre l’anorexie et restaurer dans la mode mais auprès du grand public, particulièrement les adolescentes, une image réelle de la femme qui ne fasse pas l’apologie d’une maigreur dangereuse pour la santé.

Le silence du milieu

Pourtant, un an après, personne ne semble jouer le jeu. Et pour cause : les décrets d’application de ces deux textes n’ont toujours pas été publiés au Journal officiel, ce qui les rend inapplicables pour le moment.

Olivier Véran, neurologue, candidat PS aux législatives dans l’Isère et ancien rapporteur de la loi à l’Assemblée nationale, ne cache pas son inquiétude. « Je n’aimerais pas que l’on ait voté cette loi et qu’elle ne soit jamais appliquée, déclare-t-il au Parisien. […] Il y a manifestement un frein quelque part », estime-t-il. Selon lui, le milieu de la mode est « la grande muette » de cette affaire.

Du côté du ministère de la Santé, on explique que les textes ne sont pas enterrés, mais ils ne seront publiés qu’au printemps.L’article 19 est pour l’heure étudié par la Commission européenne et doit ensuite revenir entre les mains du Conseil d’Etat. Quant à l’article 20, le Conseil d’orientation des conditions de travail (COCT) doit rendre son avis sur ce texte avant que les ministères du Travail et de la Santé ne le cosignent.

En revanche, au sein du milieu de la mode, c’est le silence radio. Qu’il s’agisse des agences de mannequins, des couturiers ou des mannequins, rares sont celles et ceux qui communiquent autour de cette problématique.