JUSTICEPourquoi l’affaire de Montigny-les-Metz n’est pas près d’être jugée?

Double-meurtre de Montigny-lès-Metz: Pourquoi l’affaire n’est-elle pas près d’être jugée?

JUSTICETrente ans après le double meurtre de deux enfants de huit ans, la Cour de cassation pourrait encore rallonger la procédure ce mardi…
Montigny-lès-Metz, le 3 octobre 2006. Francis Heaulme participe à la reconstitution du double-meurtre des enfants Beining et Beckrich.
Montigny-lès-Metz, le 3 octobre 2006. Francis Heaulme participe à la reconstitution du double-meurtre des enfants Beining et Beckrich. - OLIVIER MORIN / AFP
Vincent Vanthighem

V.V.

Trente ans que cela dure. Et ce n’est pas encore aujourd’hui que les familles d’Alexandre Beckrich et de Cyril Beining vont découvrir qui a massacré leurs enfants de huit ans à coups de pierre sur le talus d’une voie désaffectée de la SNCF, à Montigny-lès-Metz (Moselle), un dimanche de septembre 1986. Appelée à se prononcer sur cette affaire, ce mardi, la Cour de cassation pourrait même prolonger encore l’attente avant que la lumière ne soit faite sur cette rocambolesque enquête criminelle. Explications.

  • Sur quoi doit se prononcer la Cour de cassation, ce mardi ?

Il y a d’abord eu Patrick Dils. Puis Francis Heaulme. Et enfin Henri Leclaire dans la liste des principaux suspects de ce double meurtre. C’est sur la responsabilité de ce dernier que la Cour de cassation doit se prononcer, ce mardi.

Pour comprendre, il faut, en fait, remonter au mois de mars 2014. A l’époque, le tueur en série Francis Heaulme est jugé par la cour d’assises de Metz pour cette affaire. Mais, avant même l’ouverture des débats, deux témoins se présentent au tribunal et accusent Henri Leclaire, un ancien manutentionnaire de 68 ans qui vit justement à côté du lieu du crime.

Le président de la cour d’assises suspend alors le procès et demande à deux juges de reprendre toute l’enquête. Ils y passent deux ans avant de conclure finalement, en juillet 2016, qu’Henri Leclaire ne mérite pas d’être jugé pour ces faits. Ce mardi, la Cour de cassation doit donc valider – ou pas – l’ordonnance de non-lieu dont il a bénéficié.

Henri Leclaire, à son arrivée au palais de justice de Metz, le 1er avril 2014.
Henri Leclaire, à son arrivée au palais de justice de Metz, le 1er avril 2014. - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
  • Que peut décider la Cour de cassation ?

De prime abord, les choses paraissent simples. Soit la Cour de cassation valide le non-lieu d’Henri Leclaire, entraînant le renvoi du seul Francis Heaulme devant la justice. Soit, elle « casse » l’ordonnance et les deux protagonistes se retrouveront, au final, ensemble dans le box des accusés.

Mais les choses sont plus compliquées. L’avocat général qui a examiné le dossier a préconisé à la Cour de prendre une autre voie. Celui-ci estime, en effet, que la procédure ouverte en 2014 a été entachée d’une irrégularité et qu’il faut purement et simplement tirer un trait sur les deux dernières années d’enquête et tout reprendre à zéro. Dans la majorité des cas, la Cour de cassation suit l’avis de l’avocat général.

  • Que se passerait-il alors ?

Si la Cour de cassation suit l’avis de l’avocat, le dossier pourrait repartir devant une chambre de l’instruction d’une cour d’appel pour reprendre, encore à nouveau l’enquête et déterminer si Henri Leclaire doit être jugé pour ces faits.

  • Combien de temps cela peut-il prendre ?

Impossible à dire. Mais plusieurs avocats qui connaissent bien le dossier estiment que la procédure pourrait être rallongée de deux ans.

  • Quels problèmes cela pose-t-il ?

Au-delà de la douleur des familles, ce rallongement de la procédure pose plusieurs problèmes. Tout d’abord, la décision de la Cour de cassation pourrait remettre en cause la tenue du procès de Francis Heaulme qui est d’ores et déjà prévu au mois d’avril prochain. Retarder l’échéance de deux ans, c’est aussi prendre le risque de voir l’état de santé du principal accusé se dégrader.

S’il a été jugé « apte à comparaître » en décembre, Francis Heaulme a été victime de deux infarctus récemment selon son avocate. Dernier problème, le président de la cour d’assises de Metz, Gabriel Steffanus, doit partir à la retraite avant l’été 2016. Il faudra donc aussi prévoir le temps nécessaire à autre magistrat pour maîtriser sur le bout des doigts cet épais dossier.