Mort d’Adama Traoré: La juridiction du Val-d’Oise pourrait être dessaisie de l’enquête
JUSTICE•« Un dépaysement serait de nature à ramener un peu de sérénité », a estimé le procureur de Pontoise…C. A.
L’enquête sur la mort d’Adama Traoré, décédé le 19 juillet après son interpellation à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), pourrait quitter la juridiction du département. Le procureur général de Versailles, dont dépend le parquet de Pontoise, pourrait répondre favorablement à la demande de la famille du jeune homme, rapporte Le Parisien ce jeudi.
Une information judiciaire avait été ouverte après le décès du jeune homme, qui a entraîné deux nuits de violences à Persan et à Beaumont-sur-Oise.
Polémiques
Après une première autopsie, le procureur de Pontoise Yves Jannier avait parlé d’une « infection très grave ». Problème, l’examen, qui a écarté la présence de traces de violences, a simplement évoqué « des lésions d’allure infectieuse ». Une seconde autopsie avait noté « l’absence de point d’appel infectieux sévère », rappelle le quotidien.
Les deux autopsies ont permis de diagnostiquer un syndrome asphyxique dont l’origine n’avait toutefois pu être déterminée. De leur côté, les gendarmes qui ont interpellé Adama Traoré ont expliqué avoir, à trois, maîtrisé le jeune homme alors âgé de 24 ans « avec la force strictement nécessaire ». Or, le procureur de Pontoise n’a pas livré cette information.
« Ramener un peu de sérénité »
Après ces « couacs », Me Yassine Bouzrou, l’un des avocats de la famille Traoré, engage plusieurs demandes, notamment lorsqu’il découvre que les rapports des pompiers et du Smur n’ont pas été versés à la procédure. Le 6 août, la famille dépose une plainte contre les trois gendarmes pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique ». L’avocat demande par ailleurs au procureur général de Versailles de délocaliser l’ensemble de la procédure.
« J’envisage de saisir la Cour de cassation pour qu’elle statue en faveur d’un éventuel dépaysement. C’est à elle seule qu’il revient de prendre la décision », a indiqué Marc Robert, le procureur général de Versailles, écartant toutefois tout désaveu du procureur de Pontoise. « La nature des mis en cause par la plainte plaide pour ce dépaysement », estime Marc Robert.
« Par ailleurs, cette affaire a donné lieu à de nombreuses polémiques. Un dépaysement serait de nature à ramener un peu de sérénité pour la bonne administration de la justice. »