REPORTAGEAprès l'attentat, Saint-Etienne-du-Rouvray, K-O debout

Attentat: «Je savais qu'il s'était radicalisé»... A Saint-Etienne-du-Rouvray, les voisins ont reconnu l'un des terroristes

REPORTAGELes habitants de cette commune de la banlieue rouennaise se sont retrouvés en grand nombre sur la place de la mairie où les bougies se sont rapidement allumées...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

De notre envoyé spécial à Saint-Etienne-du-Rouvray

Saint-Etienne-du-Rouvray mettra du temps à s’en remettre. Pour s’en rendre compte, il suffisait, ce mardi soir, de se rendre sur la place de la mairie et d'observer les yeux rougis et les regards perdus dans le vide. Ou d'écouter les mots qui avaient du mal à sortir.

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« A Paris, à Nice… Mais à Saint-Etienne-du-Rouvray ! »

« C’est que ces choses-là, on les voit à Paris, à Munich, à Nice… Mais à Saint-Etienne-du-Rouvray… », lance Hamid sans achever sa phrase. Tout le monde sait de quoi il parle. Quelques heures plutôt, à quelques centaines de mètres de là, deux terroristes ont assassiné Jacques Hamel, le prêtre auxiliaire de la paroisse, et blessé grièvement un fidèle avant de trouver la mort sur le parvis de l’église sous les balles des policiers de la BRI.

K-O debout, les habitants de Saint-Etienne-du-Rouvray et des communes environnantes sont peu à peu retournés sur les lieux ce mardi soir. Les bougies se sont rapidement allumées. Pas encore sur le parvis de l’église, toujours barré par un dispositif policier. Mais déjà au pied de l’hôtel de ville ou dans la rue de Paris, « où Jacques Hamel vivait et donnait rendez-vous à ses paroissiens pour préparer les baptêmes ou les mariages », raconte Léonore. Il fallait même prendre son mal en patience pour glisser un mot sur le livre de condoléances mis à la disposition par la mairie. « J’ai rarement vu autant de monde dans le centre-ville », glisse-t-elle. Forcément.

Des habitants de Saint-Etienne-de-Rouvray restés plus tardivement que les autres ce mardi soir.
Des habitants de Saint-Etienne-de-Rouvray restés plus tardivement que les autres ce mardi soir. - F. Pouliquen

« Je connaissais un des terroristes »

« C’est dur, c’est dur », répète souvent Maryvonne, elle aussi restée plus tardivement que les autres dans la rue de Paris. Parce que « ce crime est abject ». Parce qu’elle connaissait Jacques Hamel. Et parce que, juste à côté, Dylan, son fils, est certain : « Je connaissais un des terroristes, explique-t-il. Il avait mon âge. Il habitait le quartier. » D’ailleurs, la famille a eu la surprise de voir débarquer les policiers du RAID et de la BRI à deux pas de leur maison ce mardi après-midi.

Mais alors c’est qui, cet Adel Kermiche, le premier terroriste identifié de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray ? Place de la Mairie, mardi soir, cette question suscitait le plus souvent des haussements d’épaules. « Moi, je viens de voir sa photo, dit Yannick, un père de famille. C’est incroyable comme il a une tête de bébé. On lui donne à peine 14 ans. »

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« Je savais qu’il s’était radicalisé »

Même Dylan, son voisin donc et qui a le même âge, en garde un souvenir vague : « C’était juste quelqu’un de normal. Il disait bonjour ». « J’étais avec lui au centre aéré, raconte aussi Inès*, 18 ans. Je savais qu’il s’était radicalisé, qu’il avait tenté de rejoindre la Syrie et qu’il était de retour à Saint-Etienne-du-Rouvray. Mais je ne l’ai pas recroisé. Je l’avais perdu de vue. »

Maryvonne, du coup, n’est guère rassurée. « Aux infos, ils n’arrêtent pas de dire qu’il y aurait d’autres jeunes radicalisés comme lui dans la région… Alors comment on fait ? On ne laisse plus sortir ses enfants ? » A écouter cette habitante de Saint-Etienne-du-Rouveray, c’est peut-être le plus dur : « Ces terroristes viennent de chez nous. »

* Le prénom a été changé

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