Attentat à Nice: Des polémiques éclatent autour d'éventuelles failles de sécurité
SECURITE•Certains élus locaux pointent du doigt des failles dans le dispositif de sécurité le soir du 14 juillet...Marthe Ronteix
Après le prolongement de l’état d’urgence pour six mois et un renforcement des pouvoirs des forces de l’ordre, la sécurité des Français est plus encore aujourd’hui LA priorité des autorités. Pourtant certaines failles dans le dispositif mis en place à Nice pour le feu d’artifice du 14 juillet suscite de vives polémiques. Trop peu de policiers, une interdiction de circulation qui n’est pas respectée… les accusations fusent. Retour sur les polémiques qui enflent autour de l’attentat qui a fait 84 morts.
Acte 1 - Des effectifs de policiers nationaux jugés insuffisants
L’une des premières critiques en matière de sécurité à Nice s’est portée sur le nombre de policiers nationaux présents sur les lieux au moment de l’attentat qui a provoqué la mort de 84 personnes. Le premier adjoint au maire de Nice, Christian Estrosi (Les Républicains), a affirmé dès le lendemain du drame que les 64 policiers prévus par le ministère de l’Intérieur n’étaient pas sur place. Ils devaient compléter les 42 policiers municipaux et les 20 militaires de la mission Sentinelle présents.
Une accusation que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, n’a pas manqué de démentir au micro de RTL lundi dernier. « Les effectifs qui ont été indiqués par le préfet et le directeur départemental de la sécurité publique à Nice sont bien les bons. » Quant à Manuel Valls, il a confirmé lors des questions au gouvernement de mercredi que les policiers étaient au nombre de « 85 à 19 heures, 89 à 20 heures, 92 à 21 heures » et « 64 entre 22 et 23 heures », au moment de l’attentat, soit 185 au total.
Acte 2 - Un niveau de sécurité moins élevé que pendant l’Euro 2016
Christian Estrosi, également président de la région Paca, déplore que la sécurité n’ait pas été aussi élevée que pendant l’Euro 2016. Interrogée par Le Figaro, la mairie de Nice précise qu’aucun dispositif impliquant des plots en béton n’a été requis. « Si on nous l’avait demandé, nous l’aurions fait comme nous avons été capables de le faire pour l’euro et la fan zone, où nous étions la seule ville de France à mettre en place des portiques de sécurité. »
Seuls des barrages de véhicules, des barrières et des glissières en plastique ont été mises en place. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a donc pu contourner ces obstacles en passant sur le trottoir pour accéder à la Promenade. Un dispositif pourtant « concerté, consenti et validé par le maire de Nice », a affirmé le chef du gouvernement ce mercredi.
Acte 3 - Le camion circulait en ville malgré plusieurs interdictions
Au volant de son camion de 19 tonnes, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était en infraction avant même de commettre un attentat, rapporte la radio France Bleu Azur mardi. La circulation les véhicules de plus de 7,5 tonnes est interdite dans toute la France du samedi 22h au dimanche 22h y compris les jours fériés. Une législation nationale renforcée par un arrêté municipal permanent qui interdit également la circulation des véhicules de 3,5 tonnes ou plus dans l’ensemble de la ville dont la Promenade des Anglais.
Il a pourtant été filmé à plusieurs reprises par certaines des 1.257 caméras de surveillance dont dispose la ville. Il monte dans son camion à 21h34, dans le quartier Auriol, à l’est de Nice. Il réapparaît à l’image à 22h30 dans le quartier Magnan avant de se diriger vers la Promenade des Anglais, sa destination finale.
Acte 4 - L’abandon d’un barrage filtrant à l’entrée de la Promenade des Anglais
Dernière estocade portée aux conditions de sécurité mises en place le soir du 14 juillet : l’abandon d’un barrage filtrant. L’hebdomadaire Le Canard enchaîné a révélé aujourd’hui un compte-rendu de réunion de préparation de la Prom’Party datant du 7 juillet. On peut y lire que le responsable du service interministériel de défense et de protection civile avait demandé à ce qu’un barrage filtrant avec fouilles et palpations soit mis en place à l’entrée de la Promenade. Mais le directeur départemental de la sécurité publique l’en avait dissuadé en invoquant des problèmes d’effectifs de policiers.
Une révélation qu’Eric Ciotti s’est empressé d’attribuer à l’Etat sur Europe1 ce matin. « Cet article vient très clairement du ministère de l’Intérieur, on le voit bien. Ceux qui ont la responsabilité de la sécurité, c’est l’État. C’est sa responsabilité », a affirmé le député Les Républicains des Alpes-Maritimes. Face à l’ampleur du drame, d’autres questions concernant la sécurité des lieux le 14 juillet risquent encore de voir le jour.