Attentat de Nice: La réserve opérationnelle, un renfort efficace?
SECURITE•Après l’attentat de Nice, l’exécutif a décidé de mobiliser la réserve opérationnelle, qui compte à l’heure actuelle plus de 54.000 volontaires…Caroline Politi
L’engagement comme réponse aux attentats. Quelques heures après l’attaque meurtrière menée par Mohamed Lahouaiej Bouhlel à Nice, François Hollande a annoncé qu’il allait faire appel à la réserve opérationnelle. Ces quelque 54.000 volontaires – 28.000 sont rattachés au ministère de la Défense et 26.000 à la gendarmerie – seront chargés de soulager les forces de l’ordre dans leurs missions : sécurisation des événements publics, mission de prévention, renforcement de l’état-major… Dans sa déclaration, le président de la République a indiqué que la réserve serait mobilisée « en particulier pour le contrôle aux frontières ». Devant l’ampleur de la tâche, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur a lancé un appel « à tous les Français patriotes qui le souhaitent » à rejoindre les effectifs.
« Le temps est encore à la sidération, mais il y aura sûrement un sursaut dans le nombre d’engagements dans les jours à venir », assure-t-on au ministère de la Défense. Comme ça avait été le cas après le 13 novembre. La gendarmerie avait ainsi recruté 3834 volontaires dans les trois mois suivant les attentats de Paris. Contre 2400 en moyenne pour la même période les années précédentes. Dans les gendarmeries, les premiers frémissements se font déjà sentir. « Beaucoup de gens appellent pour se renseigner sur les conditions, les missions… La volonté de ne pas rester inactif est très nette », note Karine Lejeune, porte-parole de la gendarmerie.
« Toute votre vie est scannée »
Pour répondre à une demande toujours plus pressante, les critères ont même été assouplis au cours du week-end : jusqu’à présent, il fallait avoir entre 17 et 30 ans pour faire acte de candidature dans la gendarmerie. Désormais, il n’y a plus d’âge maximum pour s’engager (la réserve militaire maintient une limite à 35 ans). « On s’est rendu compte que beaucoup de trentenaires ou quarantenaires regrettaient de ne pas pouvoir participer à cet effort commun », poursuit la porte-parole. Tous doivent en revanche être Français, avoir fait leur service militaire ou leur journée d’appel et être en bonne forme physique.
Avant d’intégrer les centres de formation, le casier judiciaire et les fiches administratives – notamment, la fameuse fiche S relative à la sécurité du territoire et le fichier des personnes recherchées – des volontaires sont consultés. Une série d’entretiens est également obligatoire. « C’est bien simple, toute votre vie est scannée ! », résume-t-on au ministère de la Défense.
Car une fois dans la réserve, ces étudiants, professeurs, cadres ou artisans dans le civil peuvent se voir confier les mêmes missions que leurs homologues de l’armée ou de la gendarmerie. Les réservistes militaires peuvent, par exemple, participer à l’opération Sentinelle ou au plan Vigipirate. Mais, selon Le Monde, seuls 321 réservistes ont été engagés dans l’opération Sentinelle, soit à peine plus de 3 % des personnels engagés. « Ce n’est pas parce que les réservistes ne sont pas purement sur des missions « terroristes » qu’ils ne sont pas utiles, nuance Karine Lejeune. Les 2.200 gendarmes volontaires qui appuient quotidiennement nos équipes constituent un vrai soulagement sur le terrain et libèrent du temps pour travailler sur la sécurité du territoire. »
25 jours en moyenne
Les volontaires ont des périodes de réserve régulières, avec entraînement au tir et au secourisme. Ils sont mobilisables 30 jours maximum par an. Ce seuil peut être porté à 60 jours « pour répondre aux besoins des armées », voire 150 jours « en cas de nécessité liée à l’emploi des forces » ou même 210 jours « pour les emplois présentant un intérêt de portée nationale ou internationale ». Mais en moyenne ils servent 25 jours par an.
Pour améliorer l’efficacité de la réserve, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réaffirmé, en mars dernier, l’objectif de faire passer la réserve des armées de 28.000 à 40.000 réservistes, d’ici la fin de l’année 2018. La gendarmerie se donne jusqu’en 2019 pour atteindre cet objectif des 40 000. Les budgets consacrés à la réserve sont également passés de 71 millions d’euros en 2012 à près de 100 millions en 2016, selon le ministère de la Défense. Au total, une augmentation de 77 % du budget annuel est prévue entre 2014 et 2018.