TERRORISMELahouaiej-Bouhlel de «dragueur» un peu lourd à terroriste

Attentat de Nice: Lahouaiej-Bouhlel de «dragueur» un peu lourd à terroriste

TERRORISMEOn en sait plus sur le profil de l'auteur de l'attaque mortelle de Nice…
Fabrice Pouliquen

F.P. avec AFP

Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, 31 ans, était jusqu'à il y a quelques mois encore un «dragueur», un «frimeur» adepte de la gonflette, violent avec sa femme et non religieux --avant de se radicaliser très vite. Le basculement de l'auteur du massacre du 14 juillet sur la Promenade des Anglais, né le 31 janvier 1985 à Msaken dans la banlieue de Sousse (est de la Tunisie), est à ce stade de l'enquête difficile à dater précisément. Samedi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a simplement noté, sur la base de témoignages de personnes placées en garde à vue, qu'il s'était apparemment «radicalisé très rapidement». Parmi les centaines de personnes interrogées depuis jeudi soir par les enquêteurs, plusieurs ont toutefois évoqué la religiosité du jeune homme.

Pas connu pour son islamisme radical

Dans la petite salle de sport qu'il fréquentait à Nice jusqu'à il y a deux ans environ, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a laissé le souvenir d'un «frimeur», un «dragueur» un peu «lourd», rapporte un témoin. Là, le jeune homme avait même pris des cours de salsa, et «venait faire du sport pour faire le beau (...), dessinait son corps pour plaire».

Surtout, indique Bernard Cazeneuve, « nous avons un individu qui n’était pas du tout connu des services de renseignement pour des activités liées à l’islamisme radical ? Il n’est pas fiché S, il n’est pas au FSPRT, le fichier qui rassemble tous ceux que nous suivons. Il ne s’est pas fait connaître pour des activités liées à l’islam radical. »

Même type d'échos dans la petite cité périphérique du Nord de Nice où il vivait avec son épouse avant leur séparation. Il ne fréquentait pas la mosquée locale, buvait alors des bières, selon les dires de plusieurs membres de «l'Association cultuelle de Nice Nord».«Il n'est pas soumis à Dieu, je ne l'ai jamais vu à la mosquée», affirme un gardien d'immeuble du quartier «La Planas», une affirmation corroborée par plusieurs musulmans pratiquants fréquentant la salle de prière locale. Si Mohamed Lahouaiej-Bouhlel n’a pas agi sous mandat direct de l’Etat islamique, reste l’hypothèse d’un « déséquilibré » influencé par la propagande islamique.

Le procureur de Paris, François Molins, a rappelé lors de son point presse de vendredi soir que l’attaque perpétré sur la promenade des Anglais « s’inscrit et correspond très exactement aux appels permanents aux meurtres de ces organisations terroristes, véhiculés dans les nombreuses revues et vidéos qu’elles diffusent. »

Le profil d’un déséquilibré ?

Mohamed Lahouaiej-Bouhlel pourrait avoir ce profil d’une personne peu équilibrée potentiellement sensible à la réthorique de Daesh. Ses voisins le décrivent comme « solitaire », « silencieux », « taciturne ». Son père, interrogé en Tunisie par l'AFP, avait perdu depuis longtemps le contact avec ce fils parti en France. Mais il se rappelle d'un jeune homme qui n'avait «aucun lien avec la religion»: «Il ne faisait pas la prière, il ne jeûnait pas, il buvait de l'alcool, il se droguait même».

Un habitant de son ancienne barre d'immeuble «Le Bretagne» où le tueur vivait avec son épouse, se souvient lui aussi d'un homme ayant des problèmes relevant de la «psychiatrie»: «Il faisait des crises. Quand il s'est séparé de sa femme, il a déféqué partout, trucidé le nounours de sa fille à coups de poignard et lacéré les matelas».