Grève à la SNCF: Faible taux de grévistes et fortes perturbations, comment ça s'explique?
TRANSPORTS•Ce mercredi, la direction de la SNCF recensait 8,3 % de grévistes, tous personnels confondus…H.S.
La mobilisation à la SNCF est-elle en train de s’essouffler ? Au regard du taux de participation à la grève communiqué ce mercredi matin par la direction de l’entreprise ferroviaire - 8,3 %, tous personnels confondus - il serait tentant de répondre par l’affirmative. Pourtant, au neuvième jour de mobilisation, les perturbations sur l’ensemble du trafic restent particulièrement importantes. La SNCF prévoit en moyenne trois TGV en circulation sur quatre, un train sur deux sur les lignes Transilien et Intercités, un RER sur deux seulement et six TER sur 10. Comment expliquer ce décalage entre mobilisation et évolution de l’état du trafic ?
Les conducteurs très mobilisés
Après plusieurs joursd’âpres négociations entre la direction et les organisations syndicales, la CGT-cheminots s’en est remise, mardi, aux assemblées générales afin de déterminer si le mouvement devait être reconduit ou pas, sans se positionner fermement sur le texte de l’accord proposé le matin même par l’entreprise. De leur côté, SUD-Rail (troisième) et FO (non représentatif) ont appelé à la poursuite du mouvement, fustigeant la possibilité de dérogations autorisées par les seuls syndicats signataires de l’accord.
Lundi, la SNCF a fait savoir qu’un conducteur sur deux était en grève et un contrôleur sur trois. Si la mobilisation générale reste modeste, la part du « personnel roulant » impliqué dans le mouvement est extrêmement importante. « Ils ont une capacité de perturbation bien plus importante pour l’entreprise que quelqu’un qui travaille dans un bureau par exemple », précise Stéphane Sirot, historien et sociologue des grèves et du syndicalisme.
Une grève catégorielle ?
« Dérive égocentrique » ou « grève incompréhensible », la classe politique de droite comme de gauche appelle, depuis le début de la semaine, à cesser le mouvement, pointant une partie du personnel jugée responsable des perturbations. Un mauvais procès selon Stéphane Sirot : « Ce mouvement s’est construit autour de la convention collective du secteur du transport ferroviaire. Mais il ne concerne pas que les conducteurs de train. Certes, les cheminots sont concernés par ce projet d’accord mais qualifier la grève de corporatiste est contestable. Il ne s’agit pas pour les conducteurs de faire grève uniquement pour leurs propres intérêts mais pour les conditions de travail qui concernent l’ensemble des salariés de la SNCF. »
A deux jours de la compétition de l’Euro 2016, l’exécutif continue toutefois de maintenir la pression pour mettre un terme aux perturbations dans les transports. Mardi, le chef de l’État a déclaré à La Voix du Nord : « Il y a un moment où, selon une formule célèbre, il faut savoir arrêter une grève » Une consigne qu’a peu goûtée la CGT, qui a tenu à compléter la citation de Maurice Thorez utilisée par François Hollande : « Il faut savoir arrêter une grève dès que la satisfaction a été obtenue. »