VIDEO. Paris: Les policiers se rassemblent à l'abri des casseurs... et de la population
REPORTAGE•C’est sur une place de la République ultra-sécurisée que se sont rassemblés un millier de policiers ce mercredi à l’appel des syndicats, pour « dire stop à la haine anti-flics »…Florence Floux
Une place entourée de barrières et un filtrage intensif pour entrer. Des dizaines de gendarmes ont été dépêchés place de la République pour assurer l’ordre ce mercredi, comme d’habitude en cas de manifestation de policiers. Des barrages ont également été mis en place dans les rues adjacentes, pour bloquer les piétons. La sécurité du rassemblement de policiers n’a pas été laissée au hasard par la préfecture. Le matin même, une contre-manifestation du collectif « Urgence, notre police assassine », contre les violences policières a été interdite par la préfecture de Paris.
Tout est prêt donc, pour accueillir les forces de l’ordre répondant à l’appel d’Alliance et d’Unsa-Police pour dire « stop à la haine anti-flics ». La CGT-Police, présente également, a de son côté préféré inviter la population à discuter et échanger avec ses policiers. Problème : les barrières et le filtrage ne laissent entrer que peu de monde qui ne soit pas muni de cartes de policiers ou de presse. « Nous allons aller à leur rencontre, aux alentours de la place, puisqu’ils ne peuvent pas venir nous rejoindre », indique Alexandre Langlois, secrétaire national de la CGT-Police.
« Ce qu’on veut, c’est simplement du respect »
Sous le monument à la République, les rangs sont clairsemés. « Les policiers n’ont pas le droit de grève, rappelle Fabien Vanhemelryck, secrétaire national d’Alliance. Ils sont obligés de poser un jour ou bien de venir sur leur temps libre. » Ils sont plusieurs centaines - 7.000 selon les organisateurs - à avoir fait le déplacement. « Je suis venu soutenir mes collègues qui sont davantage présents sur la voie publique, face aux casseurs », explique Gilles, 49 ans. Stéphanie aussi a fait le déplacement. « Ce qu’on veut, c’est simplement du respect. Les dernières manifestations ont montré un acharnement sur les forces de l’ordre. Nous sommes là pour dire que la police est républicaine, notre religion, c’est la démocratie », affirme cette fonctionnaire de police de 38 ans.
Quelques personnalités politiques font leur apparition sans être inquiétées à l’entrée : Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard, députés FN du Vaucluse et du Gard. Eric Coquerel, du Parti de Gauche, parvient à entrer après s’être fait refouler une première fois… « La place de la République a été privatisée à l’appel d’Alliance », déplore le conseiller régional d’Île-de-France. Pendant ce temps-là, quai de Valmy, une voiture de police est incendiée par une quinzaine de personnes. Une dizaine de cars de gendarmes toutes sirènes hurlantes part sur les lieux.
Sur scène, Jean-Claude Delage, secrétaire général d’Alliance, prend la parole. « Nous ne sommes pas ici pour occuper un espace afin que d’autres n’y soient pas. (…) Nous sommes ici aujourd’hui pour apporter notre soutien le plus absolu à nos collègues. Pour dire combien nous sommes fiers d’eux. » Le syndicaliste lance ensuite un appel : « Chers citoyens, manifestez votre soutien par tous les moyens. Tous ensemble, nous ferons taire les radicaux qui voudraient faire croire que tout le monde déteste la police, ceux qui discréditent un mouvement social. Dites non à la haine anti-flics. Rejetez ceux qui sont la honte de la démocratie et soutenez ceux qui vous offrent parfois leur vie. » La Marseillaise est entonnée. Il est 13h28.
Marine a bien entendu l’appel de Jean-Claude Delage. Elle est là pour ça, avec son T-Shirt sur lequel elle a inscrit plusieurs messages de soutien aux policiers. « Je suis venue pour les aider, parce que je suis bien contente de les trouver quand j’ai besoin d’eux. Ils font un métier compliqué dans des conditions difficiles. Ils sont là pour nous, alors il faut que nous soyons là pour eux », clame cette habitante de l’Haÿe-les-Roses (Val-de-Marne). Un peu plus loin, Philippe, policier parisien de 35 ans, indique avoir fait le déplacement sur son jour de repos. « Je voulais être là, sur ce lieu symbolique de la place de la République, pour dire que notre rôle, c’est justement de défendre la République. Nous, nous sommes debout même si nous sommes fatigués. »
Rapidement, les policiers se dispersent, certains doivent prendre leur service. Les gendarmes commencent à ôter les barrières. Des #NuitDeboutistes sont pourtant toujours bloqués du côté du boulevard Magenta. C’est le cas d’Emma, 35 ans. « C’est hallucinant ce qui se passe. D’un côté, les policiers qui occupent le terrain, de l’autre le peuple refoulé de la place de la République. C’est un coup de force, comme pendant les manifestations, lorsque je me fais gazer. » Emma est donc venue pour dénoncer le comportement des policiers, « le bras armé du capital » comme sa pancarte les nomme.
« J’ai l’impression que je ne me fais pas entendre »
Un peu plus loin, Alexandre Langlois de la CGT-Police, a tenu sa promesse d’aller à la rencontre des citoyens. Entouré de plusieurs personnes, il répond à leurs questions parfois bienveillantes, parfois agressives. Ana, 30 ans, n’en revient pas. « Je suis très émue. Je me faisais une mauvaise idée de la police. J’ai filmé la scène parce que je voulais montrer que c’est possible d’engager un échange avec la CGT-Police. Mais ce sont les seuls à être venus discuter avec la population. »
Autour de la jeune femme, les contre-manifestants s’impatientent : « 14h, cassez-vous ! » lancent-ils aux policiers ainsi qu’aux gendarmes qui bloquent encore l’accès à la place. De son côté, Chantal est déçue. « Je suis venue soutenir la police mais malheureusement je n’ai pas pu aller plus près. J’espère que les médias ne diront pas qu’il n’y avait pas beaucoup de monde. J’ai l’impression que je ne me fais pas entendre, je suis frustrée », regrette-t-elle.