SOCIALSNCF: Mais au fait, pourquoi les cheminots font-ils grève?

SNCF: Mais au fait, pourquoi les cheminots font-ils grève?

SOCIALCe mardi est marqué par la grève des cheminots, la troisième en huit semaines...
Céline Boff

C.B.

Un TGV et un Transilien sur deux en circulation en moyenne, quatre TER sur dix et un Intercité sur trois… Ce mardi est marqué par la grève des cheminots. Il s’agit de la troisième « gêne de la circulation » organisée en huit semaines. Et ce mouvement « massif d’avertissement », comme le qualifie Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, est appelé à se renouveler puisque d’autres journées d’action se tiendront à la mi-mai. Mais pourquoi les cheminots sont-ils en colère ? 20 Minutes fait le point.

L’ouverture à la concurrence

Elle sera effective dès 2020 pour les lignes TGV et dès 2023 pour les trains TER et Intercités. Concrètement, d’autres compagnies que la SNCF auront le droit de se servir du réseau existant – rails et gares – pour faire circuler leurs propres trains. Evidemment, ces nouveaux acteurs devront recruter. Sous quelles conditions ? C’est tout l’enjeu des négociations que mènent actuellement les syndicats et les professionnels des entreprises de transport urbain, réunis au sein de l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP).

Plus précisément, ils doivent se mettre d’accord sur une convention collective, c’est-à-dire sur un « plancher » de règles qui s’appliquera à tous les futurs salariés – les entreprises pouvant quant à elles proposer de meilleures conditions. Certains syndicats voudraient que ces conditions minimales soient celles en vigueur à la SNCF – c’est notamment le cas de SUD. D’autres organisations sont prêtes à accepter un compromis entre les règles actuelles du fret privé et celles de la SNCF, mais pas celui proposé par le patronat. Pour l’heure, même les syndicats les plus réformistes comme l’Unsa et la CFDT affirment douter de la « réelle volonté » de l’UTP de négocier des contreparties aux nombreuses astreintes imposées aux cheminots, notamment en matière de travail de nuit.

L’organisation du travail

Parallèlement à la création d’une convention collective pour leur branche, les cheminots de la SNCF négocient également avec leur propre direction sur une nouvelle organisation de leur travail afin de les harmoniser avec ce qu’il se passe chez les opérateurs privés – les cheminots SNCF sont pour l’heure 20 % plus chers que leurs concurrents. Plusieurs points font actuellement l’objet de blocage, à commencer par le temps considéré comme du travail. A l’heure actuelle, les conducteurs sont indemnisés pour le trajet séparant le domicile de la gare et ce temps est compté comme du travail effectif. La direction souhaite supprimer ces acquis pour les trajets inférieurs à 50 km.

Une évolution qui inquiète Olivier, conducteur de train sur le RER C. Dans un entretien accordé au Parisien-Aujourd’hui en France, il explique que « deux fois par semaine, [il] débute [s] a journée à Versailles-Chantier, dans les Yvelines, et [il] l’arrête à Brétigny, dans l’Essonne ». Ces deux villes étant distantes d’environ 40 km, il ne serait plus indemnisé et perdrait environ 500 euros sur ses 2.600 euros nets mensuels. Les autres points d’achoppement concernent les « découchés » (nuits passées hors du domicile, la direction voudrait pouvoir instaurer deux à trois découchés consécutifs, ce qui n’est pas possible pour l’heure) ou le temps de repos (13 heures consécutives au lieu de 14 heures).

Le manque d’effectifs

Les cheminots réclament des embauches immédiates pour remédier aux « urgences ». Ils citent notamment le cas des TER supprimés dans plusieurs régions, faute de conducteurs. Parallèlement, ils souhaitent l’ouverture rapide de discussions salariales.

La loi Travail

Officiellement, ce mardi, les cheminots sont en grève uniquement pour peser sur les négociations en cours concernant l’harmonisation des conditions de travail. Et donc pas pour protester contre la loi Travail. La CFDT, qui soutient le projet de loi porté par la ministre Myriam El Khomri, en a fait un casus belli : si le mouvement de grève comportait également cette revendication, elle ne s’y associait pas. Ce qu’a fini par accepter la CGT. Mais pas SUD. L’organisation a donc appelé à la mobilisation de mardi, mais sans s’associer au même préavis de grève que les autres syndicats.