SECURITE ROUTIERELes routes secondaires sont-elles vraiment plus dangereuses?

VIDEO. Les routes nationales et départementales sont-elles vraiment plus dangereuses?

SECURITE ROUTIERESelon le Baromètre d'Axa Prévention publié ce mardi, ce sont les voies les plus redoutées par les automobilistes...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Quand on apprend à conduire, c’est l’autoroute qui fait peur. Mais une fois que l’on a décroché le permis, c’est plutôt les routes départementales et nationales qui stressent.Selon le baromètre Axa prévention dévoilé ce mardi, 41 % des conducteurs estiment ainsi être en insécurité sur ce réseau routier secondaire. Reste à savoir s’ils ont raison ou pas. 20 minutes fait le point avec des experts de la sécurité routière.

Y a-t-il plus d’accidents mortels sur le réseau secondaire ?

« Oui, alors qu’elles accueillent 50 % du trafic routier, les départementales et départementales ont été le théâtre de 63 % des accidents mortels en 2015 », indique Eric Lemaire, président d’Axa Prévention. Le réseau secondaire est en effet très utilisé, car 83 % des automobilistes conduisent au moins une fois par semaine sur une route secondaire pour un trajet d’en moyenne de 25 km.

« On a cinq fois plus de risques d’être tué sur une route départementale ou nationale que sur autoroute », renchérit Claude Got, expert en sécurité routière. « Alors que les autoroutes trient les véhicules (camions et conducteurs lents sur la voie de droite), ces routes mélangent tous les véhicules, ce qui augmente de facto les risques. Il est par exemple plus dangereux de doubler un camion lorsqu’il n’y a qu’une voie », souligne Eric Lemaire.

Ces routes souffrent-elles d’un défaut d’entretien ?

Selon le baromètre Axa prévention, 59 % des sondés estiment que les infrastructures du réseau secondaire ne sont bien entretenues. « C’est une réalité et l’on peut le constater en observant les nids-de-poule (cavités dans la chaussée), les arbres qui ne sont pas suffisamment élagués au bord des routes, le défaut d’éclairage la nuit », indique Eric Lemaire.

Un avis partagé par Claude Got : « Les routes secondaires présentent des dangers particuliers car il n’y a généralement pas de protection entre les deux voies de circulation et pas de glissières de sécurité sur les côtés. En cas de perte de contrôle du véhicule, on peut ainsi percuter un poteau électrique ou un arbre », souligne-t-il. Par ailleurs, 30 % des sondés reprochent la mauvaise signalisation des zones de danger sur le réseau secondaire, qui permettrait d’éviter des accidents. Et avec la baisse de dotation de l’Etat aux collectivités locales, leurs investissements dans ce domaine ne risquent pas de s’améliorer dans les prochaines années.

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Les conducteurs éprouvent-ils sur ce réseau un sentiment d’impunité ?

Selon le baromètre Axa 25 % des Français avouent rouler à 120/130 km/h au lieu des 90 km/h autorisés. « Et 32 % des automobilistes affirment adapter leur rythme de conduite à celui des autres. Conséquence : si les véhiculent qui les précèdent roulent vite, ils ont tendance à accélérer », note Eric Lemaire. « Ce qui prouve bien leur sentiment d’impunité, car ceux qui prennent des risques se protègent contre d’éventuelles sanctions. Beaucoup d’entre eux utilisent des avertisseurs de radars et savent que les radars de3e génération sont très peu utilisés sur le réseau secondaire », estime Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Tout en rappelant que « la majorité des accidents mortels ont lieu à une vitesse dépassant celle autorisée de moins de 20 km/h. « L’éventualité d’être arrêté pour un contrôle policier étant faible, certains automobilistes utilisent aussi fréquemment leur portable sur ces routes ou dépassent le taux d’alcoolémie toléré au volant », souligne aussi Claude Got.

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Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour les rendre moins dangereuses ?

Une expérimentation sur deux ans a été lancée en mai 2015 pour baisser de 90 km/h à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur trois tronçons routiers couvrant quatre départements. Une mesure insuffisante aux yeux de Chantal Perrichon : « si cette mesure était généralisée, elle permettrait d’épargner 400 vies », assure-t-elle. « Il faudrait aussi faire en sorte que les radars de 3e génération circulent davantage sur les routes départementales et nationales, en sous-traitant leur exploitation à des entreprises privées », affirme-t-elle. « Il serait aussi nécessaire de mieux entretenir ces routes, de réaménager certaines intersections et d’améliorer la prévention routière sur ce réseau », ajoute Eric Lemaire.