Raid, BRI, GIGN: Le plan de Bernard Cazeneuve pour contrer les terroristes
SECURITE•Les unités d'intervention spécialisées de la police et de la gendarmerie devront travailler main dans la main...Florence Floux
La fin de la guerre entre police et gendarmerie ? Le schéma national d’intervention qu'a présenté ce mardi Bernard Cazeneuve doit organiser de façon claire et précise le travail des deux forces régies par le ministère de l’Intérieur, notamment de leurs forces d’élite – Raid, BRI et GIGN. Un plan indispensable en cas d’attaque terroriste n'importe où en France, notamment en vue de l’Euro de football.
« L’heure n’est pas à la concurrence des forces, mais a l’unité », a martelé Bernard Cazeneuve, devant un parterre de troupes issues du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), du Raid de la police nationale et de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), « l’antigang » de la préfecture de police de Paris. « Face à des ennemis déterminés à nous frapper en provoquant le plus de dommages possible, sans volonté de négocier et dont la propre mort fait partie de la philosophie, de la stratégie, nous avons besoin de forces performantes qui travaillent les unes avec les autres et qui poursuivent les mêmes objectifs », a-t-il insisté.
«Les premières minutes» sont les plus cruciales
Pour répondre de façon rapide et appropriée à d’éventuels attentats, on savait déjà que les primo-intervenants que sont les policiers de la Bac (Brigade anti-criminalité) de la sécurité publique et les PSIG (Pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) baptisés Sabre doivent pouvoir intervenir n’importe où en moins de 20 minutes, selon la volonté du ministre de l’Intérieur. Le temps, pour les forces d’élites de la BRI, du Raid ou du GIGN, de constituer une colonne. Afin de faire face à la menace d’attentats, la Bac et les PSIG Sabre ont donc reçu de nouveaux fusils, le HK G36, ainsi que des gilets capables de résister aux balles de kalachnikov et des casques à visières pare-balles.
« En cas de tuerie de masse, c’est durant les premières minutes que les terroristes font le plus grand nombre de victimes », a souligné Bernard Cazeneuve. « Nous devons donc réagir le plus rapidement possible, comme nous devons constamment anticiper l’éventualité d’une telle attaque », a-t-il dit, évoquant la « guerre du temps qu’implique désormais toute riposte antiterroriste ».
Les unités d’élite, réparties sur l’ensemble du territoire, doivent elles aussi être capables d’intervenir le plus rapidement possible, afin d’assurer la suite des opérations après la Bac et les PSIG Sabre. Le maillage de l’Hexagone entre police et gendarmerie a ainsi été revu uniquement dans les situations « d’urgence absolue », c’est-à-dire de tuerie de masse, prise d’otages ou tout autre type d’attaque terroriste. Dans ce cas précis uniquement, les zones de compétences actuelles (urbaine pour la police, rurale pour la gendarmerie) seront suspendues le temps de la résolution de l’attaque et à l’endroit concerné. Chaque force pourra donc intervenir dans n’importe quelle zone de compétence en fonction de sa rapidité à arriver sur les lieux.
Territoire et compétences
Pour mieux couvrir tout le territoire français, quatre antennes régionales du GIGN ont été créées à Nantes, Tours et Reims, s’ajoutant à celles qui existent à Dijon, Orange et Toulouse. Trois nouvelles antennes du Raid doivent être créées à Montpellier et à Toulouse courant 2016, à Nancy en 2017, qui s’ajoutent à celles de Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes et Strasbourg. Quant à la BRI, elle verra ses effectifs doubler.
La rapidité d’intervention n’est pas le seul point clé du nouveau plan de Bernard Cazeneuve. Chacune des trois unités d’élite a effectué un inventaire de ses « capacités », c’est-à-dire de ses compétences : effraction, soutien logistique, soutien médical, parachutisme… Environ 130 ont ainsi été répertoriées par l’Ucofi (Unité de Coordination des forces d’intervention), qui doit dorénavant vérifier que chaque unité d’élite est bien capable de remplir ces compétences. Le but est que le GIGN, le Raid et la BRI puissent se compléter en nombre : si par exemple le Raid a besoin d’une trentaine d’hommes, le GIGN pourra lui fournir les forces nécessaires. Mais également en « capacités » : le Raid ou la BRI pourront venir apporter leur soutien au GIGN sur une spécialité précise.
Le commandement des opérations deviendra également commun. A titre d’exemple, si un attentat survient en zone territoriale de compétence du Raid et que le GIGN vient le renforcer, le commandement sera assuré par le Raid sous l’égide du préfet, avec un représentant de la gendarmerie.
Un exercice conjoint d’intervention de simulation d’attaque terroriste regroupant la BRI, le GIGN et le Raid doit avoir lieu ce mardi soir à la gare Montparnasse, à Paris.