Des salariés de Sanofi pistés par des puces électroniques
SURVEILLANCE•« Les salariés se sentent géolocalisés au quotidien », « sous surveillance permanente », a réagi un délégué FO…20 Minutes avec AFP
Les salariés se sentent surveillés. Des puces électroniques ont été distribuées cette semaine aux salariés de Sanofi travaillant sur le site de Gentilly (Val-de-Marne) afin de « mesurer l’utilisation des espaces » de façon « anonymisée », une explication qui ne suffit pas à rassurer les salariés, selon le syndicat FO, interrogé vendredi.
« Les salariés se sentent géolocalisés au quotidien », « sous surveillance permanente », affirme Pascal Lopez, délégué FO, interrogé à la suite d’une information publiée par le magazine Liaisons sociales. Un sentiment renforcé par la présence selon lui de « nombreuses caméras à 360° partout, y compris dans les espaces de détente ».
Les puces sont « complètement anonymisées
Au départ, les puces RFID (Radio Frequency IDentification) devaient être directement installées sur les badges des salariés. Après intervention des représentants du personnel, elles ont finalement été insérées sur les porte-badges.
De cette façon, les puces sont « complètement anonymisées, on peut se les échanger entre salariés », assure à l’AFP une porte-parole du groupe pharmaceutique.
Inauguré en juin 2015, le campus Val de Bièvre de Sanofi à Gentilly « est un site d’espace dynamique, où personne n’a de bureau attitré pour faciliter la collaboration et les échanges entre les salariés ». L’objectif de ces puces est de permettre de « mesurer l’utilisation des espaces » pour savoir par exemple s’il faut plus de salles de réunion ou adapter les flux dans les espaces de restauration aux heures de pointe, explique l’entreprise. Environ 3.000 salariés y travaillent.
Mais selon le délégué FO, « même avec le porte-badge anonymisé, il est facile de faire un lien entre cette puce et celle du badge qui sont activées ensemble quand on passe les contrôles ». Le délégué affirme « attendre toujours les preuves d’autorisation de la Cnil [Commission nationale de l’informatique et des libertés] » que Sanofi refuse selon lui de transmettre aux représentants du personnel.
Le syndicat « inquiet »
Le syndicat se dit « inquiet sur une possible utilisation pour surveiller les allées et venues des salariés » et leur travail dans un contexte de suppressions d’effectifs et un « climat assez délétère » où « des salariés sont licenciés pour défaut de performance ».
« On peut se poser la question de l’utilisation de ce genre de puces, il y a d’autres moyens de procéder », a estimé pour sa part Thierry Bodin, délégué syndical central CGT.
Un dispositif de ce type existe également sur le site du Carteret à Lyon, selon le groupe, qui affirme n’être pas le seul à l’utiliser.