Arrestation de Salah Abdeslam: Né à Molenbeek et capturé à Molenbeek
PORTRAIT•L'homme le plus recherché d'Europe a été arrêté ce vendredi à Molenbeek après plus de quatre mois de cavale...Anissa Boumediene
La traque aura duré plus de quatre mois. Ce vendredi, Salah Abdeslam, suspect clé des attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre dernier à Paris, a été arrêté vivant lors d’une opération policière dans la commune bruxelloise de Molenbeek, en Belgique. Que sait-on de Salah Abdeslam, de son parcours et de son implication ? 20 Minutes dresse le portrait de celui qui était jusqu’ici le fugitif le plus recherché d’Europe.
Fêtard et délinquant
C’est au surlendemain des attaques parisiennes, le 15 novembre dernier, que l’on découvre le visage de Salah Abdeslam. De nationalité française, le jeune homme de 26 ans est né le 15 septembre 1989 en Belgique, à Molenbeek, dans la banlieue de Bruxelles, précisément là où il a été arrêté ce vendredi.
Dans le quartier, tout le monde connaît Salah et son frère Brahim, de trois ans son aîné. Au début de l’année 2011, il est licencié de son poste de technicien à la STIB (société des transports en commun bruxellois) « pour absence prolongée sans justification ». La cause de cette absence : un séjour derrière les barreaux en 2010, quand il a été incarcéré pour un braquage. Une affaire dans laquelle apparaît alors le nom d’Abdelhamid Abaaoud, un de ses amis, lui aussi originaire de Molenbeek et orga,isateur présumé des attentats de Paris. A l’époque, l’entourage des deux hommes les décrit comme « deux fêtards » qui font « les 400 coups ».
Radicalisé mais pas inquiété
Son frère Brahim est, quant à lui, propriétaire d’un bar, Les Béguines, entre 2013 et septembre dernier. Un établissement que la police accusait, en août, d’être en réalitéun coffee-shop où circulent des « substances hallucinogènes prohibées ». En janvier 2015, Brahim tente de rejoindre la Syrie mais on ne sait pas s’il y est parvenu, ayant été intercepté à la frontière turque.
De retour en Belgique, il est interrogé par la police belge, tout comme son frère Salah. Les deux hommes sont déjà radicalisés, mais sont relâchés sans être inquiétés. Deux mois plus tard, Salah Abdeslam est inscrit sur la liste de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM), dans la catégorie « candidat au départ en Syrie », sans pour autant être considéré comme un individu dangereux. A l’abris dans leur posture de caïds et de petits délinquants, les frères Abdeslam trouvent ainsi le moyen de sortir des radars des services de renseignement.
En 2015, il multipie les voyages en Europe: en Grèce début août, puis en Autriche ou encore en Hongrie. Quelques jours avant les attentats, il loue des voitures et plusieurs logements en région parisienne pour le commando.
De retour à Molenbeek
Le 10 novembre dernier, Salah voit pour la dernière fois sa petite amie à Laeken, au nord de Bruxelles, lors d’une soirée où « il a beaucoup pleuré », selon les dires de la jeune femme, qui le fréquentait depuis plusieurs années. Durant cette soirée, le couple parle mariage, mais la jeune femme sent « que quelque chose ne tourne pas rond » et se demande s’il n’a pas l’intention de rendre en Syrie.
Soupçonné a minima d’être le logisticien des attentats de Paris, Salah Abdeslam a peut-être convoyé les kamikazes du Stade de France avant d'abandonner une ceinture explosive dans le sud de Paris. Dans la foulée, il appelle deux proches à la rescousse, qui font le trajet en voiture depuis la Belgique pour venir le récupérer. Salah Abdeslam échappe à trois barrages policiers et reprend le chemin de Molenbeek quelques heures seulement après les attaques, durant lesquelles son frère s’est fait exploser.
Le 16 novembre, une vaste opération de police est menée à Molenbeek, mais les forces de l’ordre ne parviennent pas à mettre la main sur Salah Abdeslam, soupçonné de s’être rendu en Syrie. Sa trace s’évanouit à Schaerbeek, une autre commune de Bruxelles, où il se planque trois semaines durant à partir du 14 novembre. Jusqu'à ce mardi dans une maison à Forest, une autre commune bruxelloise, où une fusillade contre la police a éclaté dans le cadre du volet belge de l’enquête. Les enquêteurs y ont retrouvé des traces d'ADN de Salah Abdeslam.
Ce vendredi, au terme d’une longue traque, la police a finalement arrêté Salah Abdeslam, blessé à la jambe, mais capturé bien vivant. Il pourrait être très rapidement remis aux autorités françaises.