POLITIQUEDéchéance: Hollande la qualifiait de «chose de droite» qui «n'apporte rien»

Déchéance de nationalité: Quand Hollande la qualifiait de «chose de droite» qui «n'apporte rien»

POLITIQUELe groupe majoritaire au Sénat, de droite, a annoncé son intention de modifier la disposition sur la déchéance, ce qui pourrait entraîner l’échec de la réforme...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Ce mercredi, le Sénat s’empare de la révision constitutionnelle voulue par le Président Hollande après les attentats de novembre. Pourtant, en juillet dernier, le Président assurait lui-même que la déchéance de nationalité faisait partie de ces « choses de droite qui sont de l’ordre du symbolique et qui n’apportent rien à la lutte contre le terrorisme », révèle un livre dont Le Monde publie ce même jour les bonnes feuilles.

Des inquiétudes transformées en sujet de la présidentielle

Charlotte Chaffanjon et Bastien Bonnefous, les auteurs du Pari (Plon, sortie le 24 mars) relatent un entretien avec le président de la République le 16 juillet 2015, soit six mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher et quatre mois avant les attaques du Bataclan et du Stade de France.

« On voit bien qu’il y a des sujets qui s’installent, comme le terrorisme, la question de l’immigration, le vivre-ensemble, la religion, l’islam… On voit bien comment la droite et l’extrême droite essaient d’utiliser les inquiétudes réelles des Français, pour en faire des sujets de la présidentielle », analyse alors François Hollande.

Des mesures inutiles ?

« Si on est, sur ces sujets-là, dans une surenchère avec la droite, c’est comme dire : "Bon finalement, l’extrême droite et la droite ont raison". Il faut que l’on montre que la lutte contre le terrorisme n’est pas un sujet de division, surtout lorsque la droite cherche à nous emmener sur un terrain qui n’est pas le nôtre », poursuit le chef de l’Etat.

François Hollande, narrent les auteurs, se met alors « à lister, une pointe de mépris dans la voix, les idées qu’il refuse de faire siennes : "La déchéance de nationalité, ou l’indignité nationale, vous savez toutes ces choses de droite qui sont de l’ordre du symbolique et qui n’apportent rien à la lutte contre le terrorisme" ».

Opposition de la gauche

Quatre mois plus tard, après les attentats de Paris, qui ont fait 130 morts et 413 blessés, le président de la République annonçait devant le parlement réuni en Congrès sa volonté d’une réforme constitutionnelle comprenant l’inscription de l’état d’urgence dans la loi fondamentale et l’élargissement de la possibilité de déchoir de la nationalité française aux binationaux, même né français, et condamné pour terrorisme.

Cette seconde mesure a suscité une très forte opposition à gauche mais a finalement été adoptée, après modifications, par l’Assemblée nationale avec une majorité des 3/5e des deux côtés de l’hémicycle. Le Sénat, à majorité de droite, examine à partir de mercredi en séance cette révision constitutionnelle. Le groupe majoritaire a annoncé son intention de modifier la disposition sur la déchéance, ce qui pourrait entraîner l’échec de la réforme.