Attentats de novembre: La Belgique s'impose comme la base arrière des attaques
ENQUETE•La fusillade qui a éclaté mardi dans le quartier de Forest à Bruxelles, lors d’une perquisition dans l’enquête sur les attentats, prouve une nouvelle fois les liens des terroristes de Paris avec la Belgique…Florence Floux
Quatre mois après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, l’enquête se poursuit et semble toujours désigner la Belgique comme base arrière des attaques. La perquisition qui a donné lieu mardi soir à Forest, commune de Bruxelles, à une fusillade entre les forces de l’ordre et au moins trois individus le démontre une fois de plus.
Une équipe d’enquête commune composée de quatre policiers belges et de deux Français pensant mener une perquisition dans un immeuble inhabité mardi après-midi a essuyé « dès l’ouverture de la porte », selon le procureur Frédéric Van Leeuw, des tirs « nourris » au riot gun et à la kalachnikov de la part de trois hommes.
L’un des individus, identifié comme Mohamed Belcaïd, un Algérien de 35 ans, a été tué par un policier d’élite un peu plus tard dans la soirée, alors queles deux autres sont parvenus à s’enfuir. Inconnu des services de police, hormis un vol simple en 2014, le corps de Belcaïd a été retrouvé dans le logement perquisitionné à côté d’une kalachnikov, d’un livre sur le salafisme et d’un drapeau de Daesh.
Quatre suspects clé évaporés en Belgique
Les enquêteurs se seraient intéressés à cet immeuble de la rue de Dries, à Forest, car son logeur pourrait être le même que celui d’une planque terroriste de Charleroi, selon BFMTV. Les empreintes de Bilal Hadfi, kamikaze du Stade de France, et d’Abdelhamid Abaaoud, « cerveau » présumé des attentats tué dans l’assaut du Raid à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) y avaient été retrouvées. Les deux terroristes y auraient séjourné avant les attaques, début novembre 2015.
Rappelons également que l’un des principaux suspects de l’enquête, Salah Abdeslam, est toujours activement recherché après s’être évaporé en Belgique le 14 novembre au matin, tout comme le Belgo-marocain Mohamed Abrini, qui a été vu en sa compagnie dans une station-service de l’Oise quelques jours avant le 13 novembre, à bord de la Clio qui a servi lors des attentats.
Les liens flagrants avec la Belgique ne s’arrêtent pas là. Quel rôle ont joué Soufiane Kayal et Samir Bouzid – dont les identités seraient fausses, eux aussi toujours en fuite, dans les attaques parisiennes ? Recherchés pour avoir communiqué par SMS depuis la Belgique le soir du 13 novembre avec un kamikaze du Bataclan et Abdelhamid Abaaoud, ils sont soupçonnés d’avoir coordonné les attentats de Paris en temps réel depuis la Belgique.
Onze inculpés dans l’enquête sur Paris
Si ces quatre suspects ont pour l’instant réussi à échapper à la police, pas moins de 11 personnes ont été inculpées en Belgique, depuis le début de l’enquête. Parmi les premiers individus entrés dans le viseur de la justice belge, les « chauffeurs » de Salah Abdeslam venus le chercher à Paris dans la nuit du 13 au 14 novembre pour le ramener à Bruxelles : Mohamed Amri et Hamza Attou. Ali Oulkadi a lui aussi été inculpé pour avoir reconnu avoir transporté Salah Abdeslam dans la capitale belge au lendemain des attentats.
Lazez Abraimi, de son côté, réfute toute participation aux attaques, mais a été arrêté au volant d’une voiture contenant une arme et des traces de sang, le 19 novembre 2015. Il est soupçonné d’avoir lui aussi aidé Salah Abdeslam dans sa fuite au lendemain des attentats.
Quant à Mohamed Bakkali, il a été inculpé pour avoir loué une BMW aperçue devant plusieurs planques des terroristes à Schaerbeck, Charleroi et Auvelais.
D’autres individus de l’entourage des terroristes de Paris font également partie des inculpés, dont deux amis de Bilal Hadfi, Samir Zarioh et Pierre N. Abdellah Chouaa, proche à la fois de Salah Abdeslam et de Mohamed Abrini, a aussi été inculpé. Abdoullah C., a lui été repéré et arrêté pour ses échanges téléphoniques avec la cousine d’Adelhamid Abaaoud, Hasna Aït Boulahcen. C’est également le cas de Zakaria Jaffal, inculpé pour ses liens avec plusieurs personnes mentionnées dans l’enquête, et d’Ayoub Bazarouj, soupçonné d’avoir caché Salah Abdeslam à Molenbeek.
La fusillade de Forest mardi, qui s’est désormais transformée en chasse à l’homme, pourrait apporter de nouvelles informations sur d’éventuelles complicités.