Non, la nouvelle arme des policiers de la BAC ne tire pas de travers
SECURITE•Le nouveau fusil d'assaut des BAC, le HK G36, de fabrication allemande, a fait l'objet d'une polémique l'année dernière dans son pays d'origine...Nicolas Beunaiche
Le nouveau fusil d’assaut des BAC essuie déjà le feu des critiques. Dans la foulée de la présentation par Bernard Cazeneuve du matériel qui sera fourni aux brigades anticriminalité, lundi, plusieurs médias ont publié des articles rappelant la polémique qui a entouré le HK G36 l’année dernière en Allemagne. Cette arme tirerait tout simplement de travers, a-t-on ainsi pu lire. Un petit détail qui a de quoi faire peur, a fortiori si l’on est policier. Mais la réalité est un peu plus complexe…
En avril 2015, plusieurs expertises remises au chef de la Défense allemand ont bel et bien accablé le HK G36, fabriqué outre-Rhin par l’industriel Heckler & Koch. A l’époque, le fusil d’assaut était accusé de ne pas supporter les chaleurs extrêmes et l’humidité. Des témoignages, notamment en Afghanistan, indiquaient en outre qu’en cas de surchauffe due à des tirs en rafale, il perdait en précision. Sur la base de ces conclusions, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, avait en conséquence annoncé qu'« en l’état actuel des choses, le fusil n’avait plus rien à faire au sein de l’armée allemande ».
Le G36 remplacée dans l’armée allemande
Toutefois, ce n’était qu’un premier chapitre dans l’affaire. En octobre, un rapport commandé par ce même ministère de la Défense allemand a réévalué à la baisse la menace que fait peser le HK G36 sur les soldats allemands. Conduit par un écologiste, Winfried Nachtwei, peu suspect de collusion avec le gouvernement d’Angela Merkel, il a été établi après l’audition de 200 soldats, à qui il a été demandé si le HK G36 les avait un jour mis en danger. Pour un résultat très clair : aucun militaire n’a été blessé sur le champ de bataille à cause du manque de précision de leur arme, dont les soldats se disent très satisfaits.
Le doute sur la précision du fusil d’assaut allemand n’a pour autant pas été complètement levé. Quelques mois plus tard, Olivier Lombard, président le HK France, s’en charge : selon lui, « tous les fusils d’assaut perdent en précision quand il fait extrêmement chaud ». Ce que confirme un expert cité par Deutsche Welle en avril 2015. « Si vous tirez avec une mitrailleuse, il est logique que vous ayez à changer le canon à cause de la chaleur provoquée par le tir rapide, explique Heinz Schulte. Or avec le G36, vous ne pouvez pas changer le canon. »
Pour lui, l’arme ne serait pas défaillante, mais simplement inadaptée aux feux nourris auxquels les soldats sont soumis aujourd’hui, notamment en Afghanistan. « C’est comme si un jeune homme qui avait acheté une décapotable deux-places se plaignait qu’elle ne soit pas adaptée maintenant qu’il a une famille ! » s’amusait-il alors. Partant de ce constat, l’Allemagne a prévu de remplacer le G36 dans l’armée, selon Die Zeit. Une liste d’armes et de producteurs devrait être établie en ce mois de mars, avant que le ministère ne tranche.
Ne pas « rater une vache dans un couloir »
En France, la situation est peu comparable. Dans l’Hexagone, le G36 n’est tout simplement pas utilisé par l’armée. Mais il est loin d’être inconnu. Côté police, le Raid, le BRI et le GIPN manient depuis une dizaine d’années la version G36C, compacte, qui tire au coup par coup ou par rafales de deux coups. Au sein de la gendarmerie, le GIGN ou le POLMT (qui forme la police afghane) sont, eux, fournis depuis plusieurs années en G36 KA3, capable de tirer des rafales illimitées. « On peut donc dire que l’efficacité du G36 a été éprouvée », se défend Olivier Lombard.
Pour coller aux demandes technologiques de l’Intérieur, le modèle dont disposeront les policiers des BAC, le G36 KP2, sera « adapté à leurs besoins », précise-t-il. Son canon sera plus long (32 cm au lieu de 23), ce qui lui conférera une portée plus longue et une plus grande efficacité. Des qualités qui devraient permettre aux policiers de ne pas « rater une vache dans un couloir », ironise Olivier Lombard.