Attentats de novembre: Ouverture d’une enquête pour mise en danger d’un témoin clé
TERRORISME•La radio RMC a diffusé le témoignage d’une amie d’Hasna Aït Boulhacen qui aurait joué un rôle clé dans la localisation du terroriste...20 Minutes avec AFP
Le parquet de Paris a ouvert ce jeudi une enquête pour mise en danger de la vie d’autrui après la diffusion de l’interview de la femme qui a permis de retrouver Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats de novembre, a annoncé le procureur de Paris dans un communiqué. L’interview a été diffusée sur RMC et BFMTV mais le parquet vise aussi un article sur ce même témoin sur Lepoint.fr.
Sonia (son prénom a été changé), amie de longue date d’Hasna Aït Boulhacen, raconte avoir indiqué à la police la planque d’Abaaoud à Saint-Denis et rapporte aussi avoir été mise au courant des projets du terroriste qui visait un centre commercial, mais aussi une crèche et un commissariat à La Défense.
« Abandonnée par l’Etat »
Dans cette même interview, Sonia se dit « abandonnée » par l’Etat alors qu’elle a livré un témoignage crucial. La jeune femme a dû fuir son quotidien pour éviter des représailles et elle vit sous protection policière.
« On ne peut même pas dire que ma vie n’est plus du tout la même, je n’ai plus de vie, raconte-t-elle. Je n’ai plus de vie sociale, je n’ai plus de travail, je n’ai plus d’amis, je n’ai plus de famille. On m’a coupée du reste du monde. » Sonia, qui aspire désormais à « retrouver (sa) sérénité, (sa) tranquillité, un travail, un psy, comme ils l’ont dit », alors qu’elle n’a « rien » obtenu de l’Etat. « On se sent menacé, on se sent abandonné », se désole-t-elle.
Mais elle jure ne rien regretter. « Même si à l’heure d’aujourd’hui je vis mal, je vis dans la plus grande précarité, sincèrement, vaut mieux vivre comme ça qu’avec la mort de personnes innocentes sur la conscience ».
Bernard Cazeneuve déplore la médiatisation du témoignage
Depuis qu’elle s’est confiée à RMC, cette femme a reçu une première aide financière, a cependant indiqué la journaliste qui l’a rencontrée. Interrogé par Europe 1 jeudi, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a refusé d’entrer dans les détails. « Nous faisons ce qu’il faut dans un contexte extrêmement compliqué. (…) La meilleure manière d’agir est de se taire », a-t-il commenté, regrettant le traitement médiatique de l’affaire.
« Tous ceux qui diffusent des interviews, font du bruit sur ce sujet-là, plutôt que de traiter discrètement cette question, comme nous nous employons à le faire, lui font prendre un risque », a-t-il accusé.
Le parquet de Paris a peu après annoncé l’ouverture d’une enquête pour mise en danger de la vie d’autrui. Il vise la diffusion de cette interview mais aussi un article sur ce même témoin dans Le Point.fr. « Nous avons pris toutes les précautions nécessaires », s’est défendu après la diffusion du témoignage Jean-Jacques Bourdin, l’animateur-vedette de RMC et BFMTV.