SECURITELes Black Blocs, la menace secondaire qui mobilise les forces de police

COP21: La menace des Black Blocs se greffe à celle des attentats

SECURITEL’Etat d’urgence laisse la possibilité aux préfets de mettre en place des dispositifs de contrôle hors du commun à l'occasion de la Conférence mondiale sur le climat organisée à partir de dimanche à Paris…
William Molinié

William Molinié

Alors que la COP21 s’ouvre dimanche à Paris, l’enjeu sécuritaire est de taille pour les autorités. Outre la sécurité à assurer des 147 chefs d’Etat et de gouvernement dans un contexte de menace terroriste maximale post-13-Novembre, les altermondialistes et Black Blocs pourraient être consommateurs de forces de l’ordre et ouvrir des brèches dans le dispositif de sécurité.

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Alerte début novembre

La menace n’est pas nouvelle. Dès début novembre, la direction du renseignement territorial avait alerté le ministère de l’Intérieur que des militants étrangers pourraient tenter de s’en prendre aux forces de l’ordre en se mêlant aux rassemblements alors prévus, et aujourd’hui interdits par les dispositions découlant de l’état d’urgence.

Ces militants radicaux venus d’Allemagne, d’Angleterre des Pays-Bas ou de Belgique pourraient aussi cibler des symboles de l’Etat ou des sièges de grands groupes industriels.

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Infiltration dans les rassemblements d’hommage ?

« Nous savons qu’ils sont déjà arrivés en France. Nous les surveillons de près », relativise un policier. Le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a pris des mesures interdisant les manifestations sur la voie publique jusqu’au lundi 30 novembre à minuit. « De nombreux groupes et groupuscules appartenant à la mouvance radicale et violente sont attendus à Paris et dans sa région, comme il est de coutume lors des sommets internationaux », a-t-il justifié dans l’arrêté préfectoral.

Depuis les attentats du 13 novembre, la crainte des policiers parisiens est que ces individus profitent des rassemblements d’hommage autour des victimes, notamment sur la Place de la République, pour s’attaquer aux forces de l’ordre. « Le danger est que se mêlent à des gens de bonne foi des participants dont on sait que certains sont connus pour mener des actions dures qui constitueraient une menace », a indiqué le Préfet de police mercredi matin devant la presse, insistant par ailleurs qu’il comprenait « le besoin d’expression ». A Paris, seuls les rassemblements « statiques » seront tolérés.

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Peu identifiables

Le risque de débordements ne se trouve pas qu’à Paris. Sur le plateau de Saclay en grande couronne, où des zadistes devaient converger pendant la COP21, certains sites vont passer en en « zone de protection ou de sécurité ». Disposition prévue par la loi sur l’état d’urgence de 1955 en vigueur depuis les attentats et prolongée jusqu’à fin novembre. Au quotidien, cela va se traduire par des contrôles de véhicules et des barrages filtrants. Par ailleurs, l’arrêté, en ligne sur essonneinfo, stipule que « toute personne présente sur place devra être en mesure de justifier sa présence, au risque de se voir demander de faire demi-tour ».

Gros dégâts et identification quasi impossible

Les activistes ont déjà fait d’importants dégâts dans le passé. Leur force, déstabilisante pour les autorités, est de ne pas coordonner leurs actions qui restent en dehors de tout cadre syndical ou politique.

Concrètement, ils se retrouvent au même moment, s’habillent très rapidement en couleur sombre, puis une fois les exactions commises, changent de vêtement pour se fondre dans la foule. Rendant alors le travail d’identification quasiment impossible.

Ces militants, principalement issus de la mouvance ultra-gauche, anarchiste et altermondialiste violente, ont causé des incendies importants en marge du sommet de l’Organisation mondiale du commerce à Seattle en 1999, celui de l’Otan dix ans plus tard à Strasbourg. Ou plus récemment encore, dans les rues de Milan lors de l’Exposition universelle l’été dernier.