ENQUÊTEAttentats à Paris: L’imbroglio Aitboulahcen, faussement présentée comme kamikaze

Attentats à Paris: L’imbroglio Aitboulahcen, faussement présentée comme kamikaze

ENQUÊTELe procureur de la République avait indiqué mercredi qu'une femme avait actionné son gilet explosif…
William Molinié

William Molinié

Non, Hasna Aitboulahcen n’est pas la première femme kamikaze en France ou en Europe. D’ailleurs, à l’heure actuelle, il n’y en a jamais eu. Alors que la plupart des médias annoncent depuis mercredi que la cousine d’Abaaoud est morte en kamikaze dans l’appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) visé par l’intervention du Raid, des sources policières et judiciaires viennent de confirmer à 20 Minutes l’inverse de ce qui a été écrit et dit depuis mercredi matin (y compris ici). « C’est le Raid qui a dit avoir vu une tête de femme traverser la pièce au moment de l’explosion, raconte une source proche du dossier. Mais très vite, il apparaît que ce n’est pas très clair. »

Très rapidement après l’assaut, des sources policières, unanimes, relaient à la presse la présence d’une femme kamikaze parmi les terroristes. Ce que corrobore une vidéo publiée par TF1 où l’on entend assez nettement la voix d’une femme crier : « C’est pas mon copain », suivi d’une explosion.

La justice émet des réserves

François Molins, le procureur de la République, s’était pourtant montré mercredi soir assez catégorique. « Les premiers éléments de l’enquête et de l’intervention des policiers en notre possession nous ont laissé à penser que l’explosion était consécutive à une femme ayant activé son gilet explosif », indiquait-il devant la presse. Mais il rappelait aussi avec prudence : « Ce point devra cependant être vérifié, je le rappelle, par l’examen des corps et des débris de corps ainsi que par toutes les opérations de police techniques et scientifiques qui doivent être réalisées. »

A l’issue de la déclaration du procureur de la République, une source judiciaire était beaucoup moins affirmative sur cette information. « Il y a des bouts de corps partout. Par ailleurs, le plancher s’est effondré. Donc, il faut composer avec la structure du bâtiment. Il n’est pas possible, même visuellement, de savoir formellement si c’est un homme ou une femme qui s’est fait exploser », insistait cette source devant une poignée de journalistes, dont 20 Minutes, entre deux couloirs du palais de justice. Ce que nous expliquions dans cet article.

Le 3e corps sans nom est un homme

Si les conclusions de la police technique et scientifique ne sont pas encore arrivées sur le bureau du procureur, son entourage confirme ce vendredi soir qu’Hasna Aitboulahcen, dont le corps a été retrouvé la nuit dernière dans les gravats, n’est pas morte en kamikaze.

« Nous ne savons pas non plus si Abaaoud s’est fait exploser », concède une source judiciaire auprès de 20 Minutes. Seule « quasi-certitude », le troisième corps, qui n’a pas encore été identifié, est « selon toute vraisemblance celui d’un homme ».