Attaque chimique: Des antidotes de l'armée fournis au Samu
TERRORISME•Un arrêté a été signé samedi en prévision d'un risque d'attaque chimique lors de la COP21…Nicolas Beunaiche
Après les attentats de vendredi à Paris, le gouvernement craint des attaques terroristes chimiques. En prévision de la COP21, un arrêté a donc été signé samedi et publié dimanche au Journal officiel autorisant l’utilisation par le Samu de sulfate d’atropine, le seul antidote efficace pour la prise en charge des personnes exposées à des risques neurotoxiques, longtemps réservé à l’armée.
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L’arrêté, signé par le directeur général de la santé (DGS), Benoît Vallet, par délégation de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, vise à réagir à des attaques aux gaz VX et VR, mais aussi au tabun, au soman, au cyclosarin et surtout au sarin, précise Le Journal de l’environnement (JDLE). Un mode opératoire que la France, frappée par des kamikazes armés de kalachnikovs vendredi, n’a pas encore connu, mais qui inquiète visiblement les autorités.
Un produit autorisé en novembre
La coïncidence de la publication de cet arrêté avec les attentats commis à Paris semble toutefois fortuite. Dans son arrêté, le ministère de la Santé explique simplement que « le risque d’attentats terroristes et le risque d’exposition aux neurotoxiques organophosphorés constituent des menaces sanitaires graves qui appellent des mesures d’urgence », et mentionne expressément la COP21. Le Service de santé des armées, contacté par le JDLE, indique par ailleurs que la publication de l’arrêté était prévue avant les attaques de vendredi.
Le produit lui-même, utilisé pour les militaires sur des zones de combat, n’a de toute façon reçu son autorisation de mise sur le marché français, sous sa forme injectable 40 mg/20 ml, par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) que début novembre. Il est donc régulé désormais comme un médicament classique, mais reste fabriqué uniquement, à haute dose, par la pharmacie des armées. Seulement, pour un usage civil, il doit être étiqueté comme tel, rappelle le JDLE.
« Pas assez de produit étiqueté »
Le gouvernement s’est en fait aperçu que si les stocks de sulfate d’atropine sont « suffisants », « il n’y a pas assez de produit étiqueté », selon les explications fournies par le Service des armées au JDLE, pour subvenir à d’éventuels besoins au moment de la conférence sur le climat. Le texte publié dimanche permet donc au Samu d’utiliser l’antidote à titre dérogatoire pour des personnes exposées à ces gaz sous le conditionnement habituellement réservé aux armées.
En cas d’attaque, les victimes devront se voir injecter des doses de 2mg de sulfate d’atropine toutes les cinq minutes, jusqu’à ce que les symptômes disparaissent.