Saint-Nazaire: Quand les salariés dénoncent la «violences patronales», Hollande répond «dialogue social»
SOCIAL•Le Président français s'est rendu sur un chantier naval de Saint-Nazaire, où il a dénoncé la violence des mouvements mais aussi celle des patrons...O.G. avec AFP
Une visite sous haute tension. Le président François Hollande a rencontré mardi les salariés chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)... qui en ont profité pour dénoncer le silence du gouvernement face à la violence patronale, notamment dans le dossier Air France.. «S'il n'y a pas de dialogue social, il n'y a pas de progrès», a répondu le président, lors d'un discours devant les ouvriers construisant le plus grand paquebot de croisière du monde.
Les salariés dénoncent le dumping social
Lors d'une rencontre avec les quatre syndicats de STX (FO, CFDT, CFE-CGC et CGT), les deux représentants de la CGT ont refusé de serrer la main du président de la République, lui reprochant de ne pas dénoncer la «violence patronale» dans le dossier Air France. «Aujourd'hui, 40 licenciements sont aussi en cours à STX Lorient, et vous y prenez part, quelque part, à travers la participation de l'Etat dans l'entreprise», a dénoncé Sébastien Benoit (CGT). «Il n'y a donc pas de politesses à échanger, mais des actes à avoir», a-t-il lancé. Au moins une centaine de salariés de STX France (300 selon FO) ont stoppé le travail pendant la visite présidentielle pour protester contre le «dumping social» et «la sous-traitance à bas coût», et réclamer plusieurs centaines d'embauches en CDI.
«Moins de 10% des 2.400/2.500 salariés qui travaillent sur l'Harmony of the Seas sont de STX», a indiqué à l'AFP Jean-Marc Perez, représentant FO. Selon la CGT, premier syndicat aux chantiers, STX compte actuellement autant de salariés qu'en 2012, à un moment de «gros creux» dans l'activité, alors que le carnet de commandes est plein jusqu'en 2020.
Il dénonce la brutalité des mouvements... mais aussi celle des patrons
Face aux critiques, François Hollande, qui était accompagné de son ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault et du directeur général de STX France, Laurent Castaing, a plaidé le dialogue. Lors de négociations, «il n'est pas facile de trouver un accord final (...) mais on a besoin de partenaires, il faut qu'ils se parlent pour trouver des accords», a-t-il estimé. En référence au nom du paquebot «Harmony of the Seas», qui sera livré fin 2016 à l'armateur américain Royal Caribbean International, François Hollande a estimé: «On a besoin d'harmonie pour un pays comme le nôtre, pour être capable de se parler, de se comprendre, d'être une grande nation (...) C'est parce que les Français seront ensemble qu'ils gagneront», a-t-il ajouté.
Et il s'est un peu éloigné des positions de son Premier ministre, très critique vis-à-vis des violences à Air France. Appelant les partenaires sociaux à «la responsabilité», François Hollande a déploré «la brutalité», «pas simplement la brutalité dans les mouvements» mais «aussi la brutalité d'un certain nombre de décisions qui peuvent être celles des patrons». Mais le président s'est gardé de viser directement Air France, dont l'Etat est premier actionnaire, à hauteur de 17,6% du capital. Le gouvernement est en effet pointé du doigt par certains élus et syndicalistes pour sa condamnation unanyme des violences des salariés... et son silence sur la violence patronale.
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«Vous êtes une fierté pour notre pays»
«Vous êtes une fierté pour notre pays», a lancé le président de la République aux ouvriers. «La France est un des pays capables de réaliser grâce à vous des bateaux de cette qualité dans des délais qui vous rendent très compétitifs». Le président a également voulu «rendre compte» aux salariés de la vente des navires Mistral aux Egyptiens, affirmant que «cela s'est bien passé avec la Russie». «STX ne perdra pas un centime d'euro», a assuré François Hollande. «Ces bateaux ont été vendus au même prix» qu'à la Russie, a-t-il dit.