Menace terroriste en France: «Pour l’instant, nous avons eu des attentats de cour de récréation »
SECURITE•La menace n'a jamais été aussi élevée dans le pays...20 Minutes avec AFP
Des attentats islamistes contre la France, d’une ampleur inégalée, se préparent et risquent d’être impossibles à déjouer. Seules la chance et la maladresse opérationnelle des auteurs des dernières attaques, comme celles de Villejuif ou du train Thalys, ont permis l’arrestation des apprentis-djihadistes. Mais ça risque de ne pas durer...
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« Le thermomètre grimpe. Pour l’instant, nous avons eu des attentats de cour de récréation », confie, sous le sceau de l’anonymat, un responsable de la lutte antiterroriste. « Si l’attaque dans le Thalys avait fonctionné, on était très mal. Le gars avait mal engagé le chargeur de sa kalachnikov. Nous pensons que Sid Ahmed Ghlam (auteur de l’attaque avortée contre une église à Villejuif) s’est dégonflé au dernier moment et s’est tiré dans la jambe ».
« Les modes opératoires ont changé. Avant on mettait des bombes. Aujourd’hui il faut tenir dans le temps, pour que les médias puissent s’accrocher à l’événement, le diffuser en direct pour un maximum de publicité », ajoute-t-il. « La mode est désormais des attaques à la kalachnikov, qui vont durer ».
«Ce qu'on craint, ce sont les professionnels»
Ce que les services antiterroristes craignent particulièrement, c’est une copie à Paris ou dans une grande ville de l’attaque par un commando bien armé du centre commercial Westgate à Nairobi, en septembre 2013, qui a fait 68 morts au terme de quatre jours de siège.
« S’ils s’enferment dans un grand magasin, c’est le cauchemar pour les trouver », poursuit le même responsable. « Rien que pour savoir combien il y a de tireurs, puis pour les trouver, les neutraliser, il faut des heures. Le jour où on tombe sur deux bons vétérans des combats en Syrie, on est mal ».
Un autre responsable antiterroriste, qui demande également à ne pas être identifié, approuve : « Jusqu’à aujourd’hui, on a eu les peintres en bâtiment. Ce qu’on craint vraiment, ce sont les professionnels qui vont suivre ».
Jours sombres à venir
Dans un entretien publié jeudi par Paris Match, le juge Marc Trévidic, ancien du pôle antiterroriste du palais de justice de Paris, partage leur inquiétude : « J’ai acquis la conviction que les hommes de Daech ont l’ambition et les moyens de nous atteindre beaucoup plus durement, en organisant des actions d’ampleur, incomparables à celles menées jusqu’ici ».
Les services de renseignement, de police, de secours se préparent depuis des mois à l’éventualité d’une attaque de grande ampleur. Ils répètent les réponses, leurs modes de mobilisation et de coopération pour y faire face, tentent de raccourcir leurs temps de réponse et d’améliorer leurs techniques d’intervention, tout en sachant que le jour J ils seront certainement surpris par certains détails qui n’avaient pas été anticipés.
En septembre 2010, une alerte avait été donnée sur la possibilité d’attaques simultanées menées par une quinzaine de tireurs à Paris, Berlin et Londres, qui ne s’était pas concrétisée mais avait été prise très au sérieux, entraînant notamment à Paris la fermeture pendant quelques heures de la tour Eiffel.