Marseille: Une élue jugée pour avoir volontairement évité de marier un couple de lesbiennes
JUSTICE•L'union avait dû être annulée. Après avoir échappé à une première condamnation, Sabrina Hout se retrouve au tribunal pour « discrimination »…20 Minutes avec agences
Sabrina Hout, ancienne adjointe à la mairie PS du 8e secteur de Marseille, est citée à comparaître ce mardi devant le tribunal correctionnel pour « discrimination ». La justice lui reproche d’avoir volontairement évité de célébrer un mariage entre deux femmes il y a un an.
L’affaire remonte au 16 août 2014. Ce jour-là, Sabrina Hout avait laissé un conseiller d’arrondissement, non habilité, disposer le chevalet avec le nom d’un autre élu non présent et falsifier le registre de mariage. Autant d’éléments qui ont entraîné l’annulation de l’acte par le tribunal de grande instance de Marseille.
Convictions religieuses et pression de ses frères
Pour sa défense, l’adjointe à la famille des 15-16e arrondissements (quartiers Nord et seule mairie socialiste de la ville) avait expliqué qu’elle ne se sentait pas très bien au moment de la cérémonie. Mais l’élue avait pourtant célébré d’autres unions le même jour. Ses convictions religieuses, ainsi que la pression de ses frères, expliqueraient son comportement. C’est du moins ce qu’ont affirmé aux enquêteurs les deux fonctionnaires de mairie présentes, ainsi que le conseiller d’arrondissement qui a célébré le mariage.
Quelques semaines après le mariage, le parquet de Marseille avait donc ouvert une enquête pour « faux et usage de faux en écriture publique par personne chargée d’une mission de service public », car les actes, registres et livrets de famille avaient été signés par l’élue initialement destinée à le faire. Sabrina Hout, elle, échappait à une condamnation, le procureur de la République de Marseille Brice Robin l’ayant convoqué pour un simple rappel à la loi.
« L’espoir d’un jugement exemplaire pour l’application de la loi »
Un rappel à la loi qui a un brin agacé le couple de mariées. « Nous avons alors décidé de poursuivre nous-mêmes, en citant directement madame Hout devant le tribunal correctionnel pour discrimination », ont expliqué Hélène et Claude. « Assister, en pleurs, à l’annulation de ce mariage qui représentait une journée heureuse, réunissant nos deux familles et nos amis, nous a donné la force de nous engager jusqu’au bout dans l’espoir d’un jugement exemplaire pour l’application de la loi. »
Deux associations se sont également portées parties civiles : SOS homophobie et Mousse. Si le premier mariage a bien été annulé, les deux femmes ont finalement été mariées officiellement, le 14 février.