JUSTICELe porc à la cantine à Chalon-sur-Saône: La justice doit trancher en fin de semaine

Le porc à la cantine à Chalon-sur-Saône: La justice doit trancher en fin de semaine

JUSTICELa justice doit se prononcer sur la décision du maire de supprimer le menu de substitution au porc dans les cantines scolaires de sa ville en fin de semaine…
Laure Cometti

L.C. avec AFP

La décision du maire de Chalon-sur-Saône Gilles Platret (Les Républicains) de mettre fin dès la rentrée 2015 au menu de substitution au porc dans les cantines de la ville avait fait polémique en mars. Un recours en référé suspension a été introduit par la Ligue de défense judiciaire des musulmans, présidée par le controversé avocat Karim Achoui, connu pour avoir défendu plusieurs figures du grand banditisme. La Justice rendra en fin de semaine sa décision sur le référé réclamant la suspension de la décision du maire.

La Ligue de défense judiciaire des musulmans a introduit un recours en justice

L’un des avocats de l’association, Maître Nicolas Gardères, a fait valoir que, sur la forme, « ce type de décision ne peut être prise que par le conseil municipal et non par le maire lui-même ». Sur le fond, il s’agit, selon lui, « d’une atteinte à la liberté de culte et de conscience ». « Si le juge suspend la décision en estimant qu’il s’agit d’une atteinte à la liberté de conscience, le maire devra remettre en place le menu de substitution », a-t-il ajouté, espérant faire jurisprudence si la procédure allait jusqu’au Conseil d’Etat.

Outre cette procédure d’urgence, dont la décision devrait être rendue quelques jours après l’audience, la Ligue de défense judiciaire des musulmans a également déposé un recours en « excès de pouvoir » pour que ce dossier soit jugé ultérieurement sur le fond.

Un menu de substitution au porc est servi à Chalon depuis 1984

Gilles Platret, lui, défend sa décision, qui, selon lui, « restitue une pratique laïque dans les restaurants scolaires ». « Dans les faits, 40 % des enfants qui mangent à la cantine ne mangent pas du tout de viande car elle n’est pas halal. Ils ont donc plus de légumes et d’entrées pour qu’ils sortent de table sans avoir faim », a souligné le maire de Chalon, précisant que durant la dernière année scolaire, du porc avait été servi « 19 fois » au total.

Plat avec ou sans porc dans les cantines: La laïcité est-elle dans l'assiette?

Un menu de substitution au porc était servi dans les cantines scolaires depuis 1984 à Chalon, deuxième ville de Bourgogne en termes de population avec ses 44.500 habitants.

Une décision vivement critiquée

L’annonce mi-mars de la fin prochaine de cette pratique avait déclenché une vive polémique, la décision du maire étant contestée au sein du gouvernement mais aussi dans son propre camp. La ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem avait alors dénoncé une décision qui prend « en otage les enfants ». Plusieurs ténors de droite comme Bruno Le Maire, Christian Estrosi mais aussi le chef de file des députés Les Républicains Christian Jacob avaient pris leurs distances avec cette idée, ce dernier affirmant que la ville de Provins dont il est l’édile continuerait à proposer « un menu alternatif ».

« .@Pierre_PrdHomme Continuons à offrir à nos enfants la liberté de choix dans les cantines scolaires. #directBLM — Bruno Le Maire (@Bruno_LeMaire) March 20, 2015 »

En revanche, le président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy avait soutenu le maire de Chalon.

Repas de substitution dans les cantines: Et pourquoi pas un menu végétarien?

Des décisions similaires dans d'autres communes

Avant Chalon, des décisions similaires avaient été prises à Sargé-lès-Le-Mans (Sarthe) en décembre 2014 et à Arveyres (Gironde) en mars 2013. En juin, la ville de Perpignan a également indiqué qu’elle proposerait désormais un menu végétarien aux enfants ne mangeant pas de porc. Le 2 juillet, le maire (LR) de Toulouse Jean-Luc Moudenc a annoncé la mise en place d’un menu sans viande dans les cantines de ses écoles primaires. La mairie ne proposait pas de menu alternatif auparavant et le maire a indiqué qu’environ « un tiers » des enfants ne consommait pas la viande proposée.