Les propos de Xavier Bertrand contre David Cameron font réagir les éditorialistes. La presse s’indigne ce lundi de l’instrumentalisation politique de la sensible question des migrants à Calais, visant l'« opportuniste » Xavier Bertrand, candidat Les Républicains aux régionales dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans le viseur des éditorialistes : une interview parue dans le Journal du dimanche, dans laquelle le député de l’Aisne propose de laisser « partir les migrants » vers le Royaume-Uni si le Premier ministre britannique « continue à ne rien proposer ».

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Et voilà que le dossier des migrants « s’impose dans la campagne des régionales », écrit Jean-Baptiste Garat dans les colonnes du Figaro, citant un adversaire de Xavier Bertrand, le député PS du Pas-de-Calais Yann Capet, qui dénonce une « politique des coups de menton ».

« Pourquoi ce ton menaçant ? »

« Les mots creux n’ont jamais soigné les mots durs », estime de son côté Philippe Palat du Midi Libre, accusant l'« opportuniste Xavier Bertrand » d’opter pour « la diatribe sans effet ».

« Pourquoi ce ton menaçant ? », fait mine de s’interroger Mickaël Tassart dans le Courrier picard. « Dans la course aux régionales, Xavier Bertrand est dans la position de l’outsider face à la favorite Marine Le Pen », poursuit-il. Selon l’éditorialiste, « l’immigration étant un des thèmes de prédilection du Front national, Xavier Bertrand ne pouvait pas laisser le champ libre à sa concurrente. »

« Voici l’affaire des migrants instrumentalisée », déplore Denis Daumin dans la Nouvelle République du Centre-ouest. « Pour le reste, on souhaite bonne chance à Abdel, Mamadou, Rafik et les autres. »

« Le message franco-anglais ressemble à carte postale de vacances »

Car le fond du problème reste entier, dénoncent les éditorialistes, du reste peu convaincus par la tribune commune des ministres de l’Intérieur français et britanniques publiée dimanche. « Mélange d’humanisme, de compassion et de fermeté déclamatoire, le message franco-anglais ressemble plutôt à une insignifiante carte postale de vacances », moque Pierre Fréhel dans le Républicain Lorrain.

Christophe Bonnefoy, du Journal de la Haute-Marne, se désole de ce que l’on reste dans « une gestion des conséquences, quand il devient plus qu’urgent pour l’Europe de se pencher sur les causes. » Comment empêcher les migrants de franchir, coûte que coûte, la Manche ? En réorientant « l’aide aux pays les plus pauvres », répond Pascal Coquis dans les Dernières Nouvelles d’Alsace. « Il ne s’agit pas de donner plus, mais de donner mieux », en arrêtant de nourrir « le clientélisme », explique-t-il. « Une solution à long terme », « mais la seule qui sera efficace », selon lui.