Policières interdites de plage à Vallauris: Retour sur l’imbroglio autour de la sécurité du roi saoudien
FAITS DIVERS•Rumeurs, démentis, et multiples versions différentes se succèdent depuis deux jours...William Molinié
Un vrai sac de nœuds. La polémique continue ce mercredi autour de la policière écartée du dispositif de sécurité de la plage du roi d’Arabie Saoudite à Vallauris. L’information révélée par Marianne et confirmée par un syndicaliste policier a été démentie par la préfecture des Alpes-Maritimes. Un revirement qui n’en est pas vraiment un puisque le communiqué de presse ne parle pas de la même chose… Décryptage.
1/Les faits présentés par Marianne
C’est Frédéric Ploquin, grand reporter à Marianne, qui sort l’information. Le journaliste connaît bien le monde policier puisqu’il est spécialisé dans les affaires du grand banditisme et de la criminalité organisée.
Mardi matin, sur son blog (souvent bien informé) « Secret Police », il révèle qu’un « émissaire du monarque a prié une femme CRS de s’éloigner de la plage ». Selon lui, le roi Salmane a envoyé un émissaire lundi 27 juillet auprès d’une policière CRS pour lui demander de « s’éloigner de la plage à l’heure du bain ».
2/Ce que 20 Minutes a appris
Evidemment, l’information méritait d’être croisée. Mardi à la mi-journée, un syndicaliste policier confirme à 20 Minutes les informations publiées sur le site internet de Marianne. Sylvain Martinache, délégué Unsa-CRS pour la zone Sud, explique qu’à la prise de service, mardi matin « la consigne a été passée de ne pas mettre de femmes sur la plage ». Deux autres points de sécurisation sont situés en amont de la plage : un à l’entrée de la villa du roi, l’autre au niveau d’un passage piéton menant à un accès à la plage. C’est ici que seront positionnées les femmes, dit-il.
Autre information obtenue par 20 Minutes, une policière du commissariat de Vallauris a elle aussi été écartée dimanche matin de la sécurisation de la plage du roi par sa propre hiérarchie, soucieuse de prendre les devants d’éventuels problèmes. Ce que confirme Frédéric Ploquin ce mercredi matin dans un deuxième billet de blog.
3/Le « démenti » de la préfecture
La préfecture des Alpes-Maritimes a démenti l’information. « Jamais l’Arabie Saoudite n’a demandé une adaptation du dispositif sur la base de tels critères », indique-t-elle par voie de communiqué de presse. Evidemment, en l’absence d’ordre écrit, ce que rappelle dans son article Frédéric Ploquin, il est difficile de vérifier cette information.
Le directeur de la sécurité publique (DDSP) dans le département appuie ce « démenti » par le fait que « des femmes policières sont régulièrement envoyées sur ce dispositif, sans aucune remarque de la famille royale ou de son entourage ». Ce que personne n’a jamais contesté. Contacté par nos soins, le ministère de l’Intérieur n’a pas commenté et renvoie vers le communiqué de la Préfecture.
4/Où se trouve la vérité ?
Mais, soit, ne faisons pas preuve de mauvaise foi. Acceptons que les Saoudiens n’aient pas demandé explicitement le retrait des femmes policières à proximité de la plage. La hiérarchie policière s’est-elle « autocensurée » ? A-t-elle fait preuve d’extrême prudence, manquant ainsi aux règles républicaines ? C’est sans doute ce qu’il s’est passé. De l’aveu même du DDSP qui se prend les pieds dans son propre tapis. « J’ai demandé à ce que le dispositif soit reculé lorsque le roi et sa famille viennent se baigner, pour protéger leur intimité », a assuré Marcel Authier à l’AFP.
Cette version est confirmée ce mercredi matin par Nice-Matin qui donne le fin mot de l’histoire : « En fait selon nos informations, tout est parti d’une consigne donnée par la hiérarchie policière samedi lors de l’arrivée du roi dans sa villa. Un haut responsable a demandé aux deux fonctionnaires de police en uniforme, un homme et une femme, d’être discrets pendant la baignade du roi et de ses proches et de se mettre à l’écart ». Autrement dit, oui, les femmes policières ont bien été écartées de la plage de Vallauris pendant le bain royal. Fin de l’histoire.