Crise des éleveurs: « Je ne pourrai pas abandonner mon steak frites hebdomadaire ! »
REPORTAGE•Alors que les agriculteurs restent mobilisés, nous avons demandé aux consommateurs dans quelle mesure ils accepteraient de payer leur viande plus cher…Lison Lagroy
Face à la colère des agriculteurs, le gouvernement a dévoilé ce mercredi un plan d’aide à hauteur de 600 millions d’euros. Samedi, François Hollande incitait les consommateurs à « manger autant qu’il est possible les produits de l’élevage français ». Quitte à payer un peu plus cher. Mais dans quelles mesures les Français sont-ils prêts à dépenser plus pour déguster plus de viande made in France ? 20 Minutes est allé à la rencontre de consommateurs dans une enseigne de grande distribution du 8e arrondissement de Paris.
- Constance, 26 ans : « La viande est déjà suffisamment chère ! »
Honnêtement, je n’ai pas vraiment envie de payer ma viande plus chère. Même si j’avoue avoir un côté économe, je trouve qu’elle l’est déjà suffisamment ! Si une étiquette indiquait sur le gigot « L’agriculteur n’a pas été obligé de vendre son corps pour payer ses factures », ça m’irait ! Blague à part, avoir une idée d’où vient la viande et être assurée de sa qualité me paraît important.
- Marie, 56 ans : « Je voudrais être certaine que l’animal a été bien traité »
Je suis attachée à la qualité de la nourriture, quelle qu’elle soit. Pour la viande, même si j’en mange peu, je voudrais être sûre qu’elle ait bien été nourrie mais aussi bien traitée, c’est-à-dire sans antibiotiques ! Si je devais payer 20 % plus cher pour manger moins mais mieux, je serai satisfaite, mais seulement si j’étais certaine que les animaux aient été respectés et nourris sainement. J’aime acheter bio et si en plus la viande venait d’un circuit court, ce serait vraiment appréciable. A mon avis, il faut restaurer de vrais contacts avec le producteur.
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- Camille, 38 ans : « J’ai peur qu’une hausse des prix ne résolve pas leurs soucis »
J’ai toujours trouvé que la viande était un luxe, réservé seulement à ceux qui peuvent se le permettre. J’ai la chance de travailler et ma femme aussi, donc on en achète régulièrement, mais nous n’en mangeons pas tous les jours. Ajouter un petit sou pour bien manger oui, mais je ne serai pas prêt à payer 50 % plus cher. Si cela devenait le cas, je n’en mangerais plus. Je trouve ça dommage car j’aimerai soutenir les agriculteurs mais j’ai bien peur qu’une hausse des prix ne résolve pas totalement leurs soucis.
- Henri, 66 ans : « Je préférerais que la grande distribution réduise ses marges »
Acheter mon poulet du dimanche un peu plus cher ne me poserait pas tant de soucis que ça. Si seulement cela ne s’étend pas à tout le reste… Je suis totalement d’accord pour aider les producteurs français mais je trouve ça dommage que ça passe par une hausse des prix. Mon côté révolutionnaire me fait dire que je préférerai que ce soit la grande distribution qui réduise ses marges ! Mais comme toujours, c’est sur les petits producteurs qu’on tape.
- Pierre, 63 ans : « C’est important de voir au premier coup d’œil que la viande vient de France »
Je ne pourrai pas abandonner mon steak frites hebdomadaire ! Et mon fils, qui rentre chez nous le week-end, non plus. Chez lui, il ne mange pas de viande, c’est trop cher pour un étudiant. Alors quand il revient, on essaye de lui faire plaisir. J’aime acheter une partie de ma viande en grande surface et l’autre au marché, pour faire vivre les petits commerçants. Je trouve important que la viande vienne de France, et qu’on le voit au premier coup d’œil sur l’étiquette. Je n’ai pas envie de tergiverser dans les rayons à me demander si c’est de la viande de bonne qualité ou non.