TERRORISMEAttentat en Isère: La victime aurait été assommée d'un coup de cric puis étranglée

Attentat en Isère: La victime aurait été assommée d'un coup de cric puis étranglée

TERRORISMEFrançois Molins, le procureur de Paris, a révélé, ce mardi, de nouveaux éléments de l'enquête menée sur l'attentat qui s'est produit, vendredi, en Isère...
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

En garde à vue, Yassin Salhi a contesté « toute connotation religieuse à son acte ». Mais François Molins, le procureur de la République de Paris, a révélé, ce mardi matin, que l’enquête laissait bien « entrevoir un mobile terroriste » à l’attentat perpétré, vendredi, dans l’usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier (Isère).

Le parquet de Paris a ainsi ordonné l’ouverture d’une information judiciaire relative au meurtre d’un chef d’entreprise et à l’attaque d’un site de gaz industriels vendredi à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), notamment du chef d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Le parquet a également requis le placement en détention provisoire de l’auteur présumé des faits, Yassin Salhi, après sa présentation mardi à un juge d’instruction en vue d’une mise en examen.

Portrait : Qui est vraiment Yassin Salhi ?

Quasiment au terme des 96 heures de garde à vue du suspect, le procureur a tenu à faire le point sur les investigations. « Et on peut penser que son action correspond précisèment aux méthodes de Daesh ». A commencer par la mise en scène macabre à laquelle s’est livré le suspect principal.

La tête posée sur le tronc de la victime

Il a ainsi avoué « avoir assommé son employeur d’un coup de cric, puis l’avoir étranglé d’une seule main », a indiqué le procureur. A 500 mètres environ de l’usine Air Products, Yassin Salih se serait, toujours selon ses déclarations, arrêté sur le bas-côté pour décapiter Hervé Cornara à l’arrière de la fourgonnette. « L’enquête n’a pas permis d’établir si cette décapitation avait eu lieu ante ou post-mortem », a poursuivi François Molins, précisant que des « examens complémentaires » sont toujours en cours.


Carte de localisation de l’attentat à Saint-Quentin-Fallavier dans l’Isère et déroulé des événements - JM.Cornu/V.Lefai AFP


Mais c’est surtout la mise en scène à laquelle le suspect s’est livré qui rappelle la barbarie orchestrée par Daesh en Syrie ou en Irak. « Il a pris deux photos du corps. La première montre le corps de la victime enveloppé dans un drapeau frappé de la Chahada (la profession de foi islamique) avec la tête posée sur le tronc. La seconde, de type selfie, montre le suspect qui pose avec la tête de sa victime ».

Deux clichés envoyés à un proche en Syrie

Mais, en garde à vue, le suspect a montré « une mémoire sélective », selon François Molins, se retranchant derrière « une prétendue amnésie ». Ainsi, il a assuré aux enquêteurs ne plus avoir de souvenir de la décapitation ni des photos qu’il a prises de son prétendu forfait.

Portrait : Sébastien-Younès V, la connexion de Yassin Salhi

Des éléments qui ne collent pas avec l’enquête. Au cours d’une perquisition, les forces de l’ordre ont découvert que Yassin Salhi avait envoyé ses clichés à un « contact » en Syrie originaire de Haute-Saône et nommé Sébastien-Younès V. « Sur le téléphone, nous avons découvert une conversation du 26 juin où Sébastien-Younès assure à ses proches être une des causes de l’acte qu’aurait commis Yassin Salhi, a ainsi indiqué François Molins. Et dans cette conversation téléphonique via le réseau ''Whatsapp'', Sébastien-Younès indique également avoir demandé l’autorisation à l’Etat islamique de diffuser les clichés pris par Yassin Salhi ».

Une épouse pas assez religieuse

Pourtant en garde à vue, Yassin Salhi a contesté toute connotation religieuse, expliquant son forfait par une récente querelle avec la victime qui était aussi son employeur et des problèmes relationnels avec son épouse, qui ne serait selon lui, « pas assez religieuse ».

Yassin Salhi avait une « double personnalité » selon son prof de sport

Mais en remontant sa piste, les enquêteurs ont découvert que Yassin Salhi était connu des services de renseignement depuis 2003 pour des faits d’islamisme radical. Il assure également être parti en Syrie avec sa femme et ses enfants durant un an en 2009, ce que les enquêteurs n’ont pas pu vérifier.

Ils sont, en revanche, convaincus que cet homme -dont la mise en examen et le placement en détention ont été requis- était en lien en 2011 avec un membre du groupuscule islamiste Forzane Alliza, dissous depuis. Et l’an dernier, un de ses voisins l’avait signalé aux forces de l’ordre après avoir découvert qu’il organisait des réunions religieuses à son domicile.