Attentat en Isère: Qui est le «Grand Ali», le mentor de Yassin Salhi
TERRORISME•Yassin Salhi se serait radicalisé au contact de Frédéric Jean Salvi à la mosquée de Pontarlier…T.L.G.
Yassin Salhi se met à parler. Le suspect de l’attentat en Isère a reconnu dimanche avoir tué Hervé Cornara, selon une source proche du dossier. Le jeune homme avait été repéré par les autorités pour des liens avec la mouvance salafiste mais n’a aucun casier judiciaire.
Il se serait radicalisé au contact de Frédéric Jean Salvi dans la mosquée de Pontarlier (Doubs) au début des années 2000. 20 Minutes dresse le portrait de cet ancien mentor, surnommé le «Grand Ali ».
Radicalisation en prison
Frédéric Jean Salvi, 36 ans, est originaire de Pontarlier comme Yassin Salhi. Il se fait connaître des autorités en 2000. Etudiant à la faculté des sports de Besançon (Staps), il est arrêté et condamné cette année-là pour trafic de stupéfiants. Libéré en 2001, il revient dans sa ville natale en deux ans plus tard. Il se serait converti à l’islam et radicalisé pendant son année de détention à la prison de Besançon.
Contact à la mosquée de Pontarlier avec Salhi
A sa libération, Frédéric Jean Salvi se fait appeler « le Grand Ali ». Il fréquente la mosquée de Pontarlier. « Il venait prier de manière calme. On ne le connaissait pas vraiment », explique à 20 Minutes un fidèle. A cette époque, Frédéric Jean Salvi commence à fréquenter Yassin Salhi. « Ils se voyaient peut-être en dehors de la mosquée. Mais à l’époque, on ne s’y intéressait pas, on ne parlait pas de radicalisation. Pour nous, c’était deux jeunes qui priaient et une fois la mosquée fermée, chacun allait à ses affaires », poursuit-il.
A la mosquée de Pontarlier que Yassin Salhi a fréquenté, on tombe des nues
Un autre fidèle témoigne à l'AFP. « Tout le monde le connaissait parce qu’il était grand, calme. Il avait tenté d’installer une mouvance radicale à la mosquée mais ça n’a pas marché ». Il développe. « On savait qu’ils se voyaient entre eux. […] Après, je ne sais pas qui était sous l’influence de l’autre […] Au départ, je pense qu’ils ont discuté ensemble sur l’islam. Peut-être qu’ils avaient la même vision de l’islam. Yassin était fragile: il avait perdu son père, sa mère était partie au Maroc. Le problème, c’est qu’il était jeune, je ne pense pas qu’il a attendu d’avoir une famille et des enfants [pour se radicaliser] et passer à l’action ». C’est à ce moment que les services spécialisés s’intéressent à Yassin Salhi et sept ou huit autres jeunes sous l’influence du «Grand Ali».
« Viré de la mosquée »
« C’est un grand blond, il était dominateur et violent », racontait à France Soir un ancien responsable d’une association locale en 2010. « Il est arrivé avec une bande de jeunes dont il était le meneur. Ils voulaient faire la prière et le prêche mais n’avaient ni les connaissances ni les compétences. En fait, il était radical dans sa façon de vouloir s’imposer au sein de notre lieu de culte. »
Le fidèle interrogé par 20 Minutes développe: « Je n’ai aucun souvenir frappant le concernant à part une fois, où il est intervenu auprès de l’imam pour lui dire qu’il n’était pas content de ce qu’il disait. Les collègues l’ont alors "viré" de la mosquée ».
Projet d’attentat en Indonésie
Le « Grand Ali » aurait quitté la France en 2008. Son nom réapparaît en août 2010 en Indonésie. Les autorités locales le désignent comme un suspect dans un projet d’attentat avec des militants d’Al-Qaïda à Jakarta. Il parvient à échapper à la police, qui arrête cinq personnes sur l’île de Java. Elle se saisit également de substances explosives dans un atelier clandestin, et d’un véhicule lui appartenant. Le Français aurait eu pour mission de commettre un attentat à la voiture piégée. Les autorités avaient sollicité l’aide d’Interpol pour retrouver le propriétaire du véhicule. En vain.
Aujourd’hui père de deux filles, Frédéric Jean Salvi serait installé dans une ville britannique. «Les derniers contacts identifiés entre Salvi et Salhi remontent à assez longtemps », indique à l’AFP une source proche de l’enquête. Des vérifications sont en cours pour voir si les deux hommes sont entrés en contact récemment.