TERRORISMEAttentat en Isère: Décapitation, salafiste, Seveso… Les questions qui restent encore en suspens

Attentat en Isère: Décapitation, salafiste, Seveso… Les questions qui restent encore en suspens

TERRORISME« 20 Minutes » donne des éléments de réponse aux questions que pose l’attentat perpétré ce vendredi à Saint-Quentin-Fallavier…
La police française contrôle les lieux où a été retrouvé un corps décapité le 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère
La police française contrôle les lieux où a été retrouvé un corps décapité le 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère - PHILIPPE DESMAZES AFP
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

L’émotion suscitée par l’horreur a laissé place aux premières interrogations. Alors que Bernard Cazeneuve a commencé à donner quelques éléments d’informations sur le suspect principal de l’attentat qui a frappé vendredi matin l’usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), 20 Minutes évoque les principales questions que pose cet acte odieux…

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Pourquoi une tête coupée a-t-elle été accrochée sur un grillage ?

Depuis sa création, en 2006, Daesh (anciennement Etat islamique en Irak et au Levant) a fait de la décapitation de ses ennemis une marque de fabrique. « Comme Al-Qaida avait fait des attentats-suicides, la sienne », explique l’islamologue Matthieu Guidère à 20 Minutes. Les terroristes s’appuient pour cela sur le Coran et notamment le verset 4 de la sourate 47. « Lorsque vous rencontrez [au combat] ceux qui ont mécru, frappez-en les cous », affirme le texte saint de l’islam.


Pour autant, il ne faut pas en conclure hâtivement que Yassin Salhi, suspecté d’avoir décapité la victime et commis l’attentat à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), soit membre de Daesh. « Depuis plusieurs mois, nous voyons des individus qui font n’importe quoi et qui se revendiquent de l’Etat islamique sans jamais avoir été en contact avec l’organisation », poursuit le spécialiste.

Portrait : Que sait-on de Yassin Salhi, le suspect principal ?

Pourquoi le terroriste s’en est-il pris à un site industriel ?

Par facilité ou par mimétisme ? Sans doute un peu des deux. Si l’on ne connaît pas encore les motivations de l’homme qui a mené l’attaque, ce vendredi, sur l’usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier, ce n’est pas la première fois qu’un site industriel est pris pour cible.

En janvier 2013, un groupe dissident d’Al-Qaida – Les signataires du sang – avait choisi le site d’exploitation gazière d’In Amenas (Algérie) pour marquer les esprits. Plus loin en arrière, on se souvient également que le groupe formé autour de Khaled Kelkal, déjà dans la banlieue de Lyon (Rhône), prévoyait de viser un site industriel pétrolier à Serpaize au sud de la capitale du Rhône. La présence sur de tels sites de matériel dangereux et inflammable peut aussi, pour les terroristes, permettre de mener des attaques sans pour autant posséder d’armes en tant que telles.


Vue aérienne de l’usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier où un attentat a eu lieu le 26 juin 2015. - Google Maps


Pourquoi la surveillance du suspect principal a-t-elle été interrompue ?

Yassin Salhi était visé par une « fiche S », a indiqué, ce vendredi Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur. « S » pour « sûreté de l’Etat ». Réservée aux individus menaçant la sécurité nationale, la « fiche S » est un outil de signalement mais n’implique pas nécessairement la surveillance de la personne. Y figure bien sûr les candidats au terrorisme mais aussi d’autres personnes comme les activistes politiques (zadistes ou militants) par exemple.

« Yassin Sahli a fait l’objet d’une fiche S, inactive depuis 2008. Il a aussi fait l’objet d’une note des Renseignements en 2011, sans fiche — Soren Seelow (@soren_seelow) June 26, 2015 »

Bernard Cazeneuve a indiqué que la fiche n’avait pas été renouvelée en 2008. Parce que rien ne permettait de penser que le suspect était en lien avec une entreprise terroriste à ce moment-là. « De toute façon, on ne peut pas surveiller tout le monde, confie, amer, le responsable d’un syndicat de police. Nous n’en avons pas les moyens… »«

Selon RTL, Yassin Salhi faisait également l'objet de deux notes des services de renseignement du Doubs datées de 2013 et de 2014 qui s'alarmaient de ses signes de radicalisation. Il y était alors décrit comme un « musulman dur » qui envisageait de créer un institut musulman à Besançon (Doubs). RTL explique aussi que que le changement de look du suspect inquiétait les services. Il avait perdu beaucoup de poids et s'était rasé la barbe. Selon plusieurs spécialistes, les terroristes islamistes qui veulent passer à l'acte se rasent parfois la barbe pour passer sous les radars.

Etait-il vraiment en lien avec la mouvance salafiste ?

Là encore, c’est Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, qui le dit. Mais ses informations datent peut-être de 2006 à l’époque où Yassin Salhi, le suspect principal, était visé par une « fiche S ». « Depuis 2006, Daesh est arrivé et Ben Laden est mort, rappelle Matthieu Guidère. Cet homme a peut-être changé d’idéologie et de comportement. »

Que sait-on de la victime décapitée ?

D’autant que les salafistes ne sont pas connus pour être des terroristes. « C’est le nom donné aux premiers musulmans, à ceux qui vivaient aux premiers siècles de l’islam, décrypte le spécialiste. Aujourd’hui, cela représente ceux qui veulent vivre comme les musulmans au temps de Mahomet. Mais, cela ne signifie absolument pas qu’ils sont terroristes. Cet homme est plus un ‘’djihadiste décapiteur’’ qu’un salafiste. »