Attentat en Isère: Ce que l'on sait de l'attaque dans l'usine Air Products qui a fait un mort
ATTAQUE•«20 Minutes» fait le point sur l'attentat commis ce vendredi dans une usine qui fabrique du gaz à Saint-Quentin Fallavier (Isère)...C.B. et V.V.
Un attentat a eu lieu, ce vendredi matin, à Saint-Quentin Fallavier, dans le nord de l’Isère. Un homme, à bord d’un véhicule, a foncé sur une usine classée Seveso qui fabrique du gaz. Une explosion s’est produite. Les enquêteurs ont également découvert une tête accrochée au grillage de l’usine et couverte d’inscriptions en arabe. 20 Minutes fait le point sur les premiers éléments de l’enquête.
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Que s’est-il passé ?
Un homme a percuté avec une camionnette des bombonnes de gaz stockées dans une usine de la société Air Products de Saint-Quentin-Fallavier, dans l’Isère, provoquant une forte explosion. Selon l’employée d’une société voisine, contactée par 20 Minutes, l’attaque s’est produite entre 9h45 et 10h. Alors que l’homme tentait d’amorcer une autre explosion -qui aurait pu être bien plus dévastatrice- deux pompiers sont intervenus et l’un d’eux l’a maîtrisé. Dans cette lutte, l’assaillant a été légèrement blessé. « L’attaque est de nature terroriste », a commenté François Hollande, le président de la République depuis Bruxelles (Belgique). « L’intention ne fait aucun doute. »
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En parallèle, les secours ont découvert une tête décapitée accrochée au grillage de l’usine. Le corps de la victime, « abjectement décapité », selon les mots du ministre Bernard Cazeneuve, a été retrouvé à l’intérieur de l’usine. Des inscriptions en arabe ont été observées sur cette tête qui était « affichée » dans une mise en scène macabre aux côtés de deux drapeaux islamistes, l’un blanc et l’autre noir. Selon les images de la vidéosurveillance, le chauffeur avait préalablement placé la tête tranchée sur le grillage extérieur.
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Vue aérienne de l’usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier où un attentat a eu lieu le 26 juin 2015. - Google Maps
Quel est le bilan ?
Une personne est donc morte, celle dont la tête a été retrouvée accrochée au grillage. Il s’agit d’un chef d’entreprise du Rhône, qui était l’employeur de l’auteur présumé de l’attentat. Son véhicule, autorisé à entrer sur le site d’Air Products, classé Seveso, a permis au suspect d’y pénétrer. Contrairement à ce qui a été précédemment avancé, l’attentat n’a fait aucun blessé. Mais certains salariés ont été choqués et une assistance psychologique a été mise en place. Tous les employés ont en outre été évacués dans une salle municipale de la commune voisine de La Verpillière. « Tous les abords sont sécurisés. Il y a énormément de policiers et gendarmes », a indiqué à 20 Minutes une voisine. Selon la gendarmerie, le GIGN ne serait pas parti sur place, contrairement à des informations de presse qui circulent.
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Quel est le profil du suspect ?
Il s’agit de Yassin Salhi, 35 ans, marié et père de trois enfants. Il était connu des services de renseignement pour des accointances avec la mouvance salafiste. En 2006, il avait été fiché pour « radicalisation », mais cette fiche n’avait pas été renouvelée en 2008 et il n’avait pas de casier judiciaire. Au moment de son interpellation, Salhi ne portait pas de papiers et a refusé de s’exprimer. Fraîchement arrivé dans la région lyonnaise en provenance de l’Est de la France, Yassin Salhi vivait à Saint-Priest avec son épouse et leurs trois enfants âgés de 6 à 9 ans, dans un petit immeuble HLM de trois étages. Les voisins décrivaient vendredi « une famille discrète ». Avant d’être interpellée, l’épouse de Yassin Salhi a déclaré à Europe 1 : « J’ai le cœur qui va s’arrêter », « je ne sais pas ce qui se passe ». « Il est parti au travail ce matin à 7h », a-t-elle raconté, ajoutant que son mari « fait de la livraison ». « On est des musulmans normaux, on fait le ramadan. Normal. On a trois enfants, une vie de famille normale », a-t-elle insisté, ne voyant « pas l’intérêt ou pourquoi » il aurait fait ça. La sœur de Yassin Salhi a également été interpellée. Un homme avait été arrêté en début d’après-midi, après avoir été repéré en train d’effectuer des allers-retours suspects devant l’usine, mais a par la suite été relâché.
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Où en est l’enquête ?
Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête. L’enquête a été confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elle a été ouverte des chefs « d’assassinat et tentative d’assassinats », « destruction et dégradation par l’effet d’une substance explosive », le tout en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste. Dernier chef, celui « d’association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d’atteinte aux personnes ». Le Premier ministre Manuel Valls, en déplacement en Colombie, a ordonné une « vigilance renforcée » sur les sites sensibles de Rhône-Alpes. François Hollande a annoncé que le plan Vigipirate était porté « en alerte maximum » pendant trois jours dans la région Rhône-Alpes.
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