Fouilles illégales: «Sans nous, les archéologues n’auraient jamais mis la main sur ce trésor!»
ENTRETIEN•Renvoyé devant le tribunal de Dijon pour avoir découvert 2.000 pièces gauloises dans un champ, Eddy s’est confié à « 20 Minutes » avant l’audience…Propos recueillis par undefined
Depuis tout petit, Eddy fantasmait à l’idée de « trouver un trésor ». Comme dans les livres d’aventure. Abreuvé de vidéos sur Youtube et de magazines d’archéologie, ce boucher installé à Dijon (Côte d’Or) a attendu d’avoir 25 ans pour acheter un détecteur de métaux et se lancer dans une quête.
Les faits: Renvoyés en justice pour avoir trouvé un trésor gaulois
Eddy a réalisé son rêve. En 2012, avec deux copains, il a mis la main sur un trésor de 2.000 pièces gauloises datant du premier siècle avant Jésus-Christ, en farfouillant dans un champ à Laignes, à une heure de marche du site présumé de la bataille d’Alésia. C’est ce qui lui vaut de comparaître ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Dijon. Avant l’audience, il s’est confié à 20 Minutes.
Racontez-nous dans quelles conditions vous avez découvert ce trésor ?
Je faisais des fouilles avec deux copains, comme d’habitude. Un soir, après le boulot, nous sommes partis. Dans ces cas-là, on avance, on marche. A un moment, mon détecteur a bipé. J’ai sorti une pièce. L’un de mes copains en a sorti une deuxième. Rapidement, on en a trouvé dix, puis vingt, puis cent… Au final, il y en avait 2.000 dans un rayon de 50 m². L’agriculteur avait dû les disséminer en passant avec sa charrue.
Etait-il au courant que vous fouilliez son champ ?
Non. Dans ces cas-là, on avance à travers champs. On ne peut pas demander l’autorisation à tout le monde. Cela n’aurait pas de sens.
Comprenez-vous les raisons qui vous conduisent à comparaître ce vendredi ?
Honnêtement non. Après avoir fait cette découverte, on voulait donner le trésor à un musée. Un spécialiste nous a expliqué qu’on allait au-devant de problèmes car on avait déterré le trésor sans autorisation. Et puis, un mec nous a proposé 15.000 euros pour une partie des pièces. On n’a pas trop réfléchi. C’est tout de même près d’un an de salaire. Mais aujourd’hui, c’est comme si on avait braqué le Louvre en pleine nuit pour voler la Joconde.
Qu’est ce que vous inspire toute cette histoire avec le recul ?
Du dégoût. Depuis tout petit, je rêvais de trouver un trésor. Je fantasmais. Mais une fois qu’on l’a trouvé, ça casse tout. J’ai tout arrêté. Toute cette histoire m’a retourné. C’était un loisir, une passion. On faisait ça avec deux copains comme on va à la pêche…
Vous ne comprenez pas que les règles soient si strictes ?
Bien sûr que je ne comprends pas. Honnêtement, si nous n’étions pas passés par là, les archéologues n’auraient jamais mis la main sur ce trésor. Et puis, dans le secteur, il suffit de creuser pour trouver quelque chose. Je suis sûr qu’on devrait fouiller sur le rond-point au centre de Dijon et on trouverait quelque chose.