EDUCATIONRéforme du collège: Le gouvernement face à la colère des enseignants ce mardi

Réforme du collège: Le gouvernement face à la colère des enseignants ce mardi

EDUCATIONLa suppression des options de latin et de grec, l’affaiblissement présupposé de l’allemand et l’interdisciplinarité inquiètent les enseignants qui descendent dans la rue ce mardi…
Delphine Bancaud

D.B. avec AFP

La mobilisation des enseignants sera décisive pour l’avenir de la réforme du collège. Les enseignants s’apprêtent à descendre dans la rue ce mardi, à l’appel d’une intersyndicale majoritaire parmi les professeurs du collège, remontés contre la réforme de Najat Vallaud-Belkacem.

Après les personnalités politiques et les intellectuels, qui se livrent depuis un mois à une féroce guerre des mots, c’est donc aux enseignants de donner de la voix. Des manifestations sont prévues à Paris et dans une cinquantaine de villes. Dans la capitale, le défilé partira du Luxembourg à 14h.

Tous les syndicats n’appellent pas à la grève

Se retrouvent côte à côte le Snes-FSU, majoritaire dans l’enseignement secondaire, le Snep-FSU, le Snalc (classé à droite, même s’il le réfute), FO, la CGT et Sud. Le SNES appelle à la reprise des négociations, bien que la réforme ait été adoptée par le conseil supérieur de l’éducation, tandis que le Snalc, FO et Sud par exemple réclament le retrait pur et simple des mesures du gouvernement.

Ces syndicats ont recueilli un total de quelque 80 % des voix des enseignants du collège qui ont voté lors des dernières élections professionnelles (dont le taux de participation était de 40 %). Mais toutes les organisations, y compris celles qui n’appellent pas à la grève, s’attendent à une forte mobilisation des professeurs de langue ancienne et d’allemand.

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L’interdisciplinarité irrite les enseignants

Les profs de latin et de grec craignent un effritement de leurs horaires avec la suppression de ces options, remplacées par un enseignement pratique interdisciplinaire consacré aux langues et cultures de l’Antiquité.

Même inquiétude chez les profs d’allemand, dont la discipline pâtira, selon eux, de la suppression des classes bilangues (deux langues étrangères dès la sixième, des classes suivies par 16 % des élèves de 6ème). La réforme propose à la place deux langues étrangères pour tous en cinquième.

Ces mesures ont suscité de très vives réactions au sein de la droite et auprès de quelques personnalités de gauche. Mais c’est l’autonomie accrue accordée aux établissements et l’interdisciplinarité (croiser deux disciplines lors d’un même cours) qui mécontentent le plus les syndicats anti-réforme. Ils redoutent que la première donne trop de pouvoir aux chefs d’établissement et que la seconde grignote les horaires de chaque matière, dans un pays où le corps professoral est très attaché à ses disciplines.

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La réforme a aussi ses partisans : la gauche bien évidemment, deux syndicats dits réformateurs (SE-Unsa et Sgen-CFDT, 20 % aux élections professionnelles), la FCPE, première fédération de parents d’élèves et… l’enseignement privé catholique, qui scolarise 20 % des collégiens en France et auquel la réforme s’applique aussi.

Pour la ministre, c’est une première confrontation à un vaste mouvement de protestation, depuis son arrivée à son poste fin août. Elle avait succédé à Benoît Hamon, resté quelques semaines. Vincent Peillon, parti en avril à la faveur d’un remaniement, avait été très affaibli par les manifestations contre la réforme des rythmes scolaires.

Fort opportunément, le ministère vient de publier une étude faisant état de résultats peu glorieux sur les capacités mathématiques des élèves de 3ème, réalisée auprès de 8.000 élèves.