Tourisme: Comment le marché des vacances de célibataires se développe
SOCIETE•Entre supplément single et recherche de covacanciers, la préparation des vacances n’est pas toujours de tout repos pour les célibataires…Audrey Chauvet
Mieux vaut être seul que mal accompagné: le dicton n’est pas toujours pertinent lorsqu’il s’agit de partir en vacances. Entre supplément single et club Mickey, les célibataires ont longtemps été les oubliés des voyagistes. Mais aujourd’hui, alors que le nombre de célibataires ne cesse de croître en France, les quelque 18 millions de personnes vivant seules deviennent un marché prometteur pour les tour-opérateurs qui se lancent sur le marché du «solo».
De 20 à 25% plus cher pour un célibataire
Partir seul en vacances est une décision pas évidente à prendre. «Ça coûte souvent plus cher de partir seul, explique Didier Arino, directeur du cabinet d’études et de conseil Protourisme. Les prix sont calculés pour deux et le célibataire paye au total 20 à 25% plus cher qu’un couple. C’est d’autant plus lourd à assumer que le budget des vacances est déjà réduit par le fait qu’un célibataire assume à 100% toutes les charges du foyer durant l’année.» Les célibataires qui ne seraient pas refroidis par le surcoût peuvent en revanche l’être par la peur de la solitude. «En vacances, j’ai envie de sortir, de rencontrer des gens, de faire du sport, mais je ne me vois pas le faire toute seule», témoigne Delphine, 26 ans, dont les copines en couple ne sont «pas toujours très emballées» quand elle leur propose de partir en voyage ensemble.
Pour trouver des partenaires de voyage, Delphine s’est inscrite sur le site de recherche de co-vacanciers du tour-opérateur Marmara. Sur ce site aux faux airs de site de rencontre, les voyageurs précisent leur âge, leur projet de vacances et le sexe de la personne qu’ils aimeraient mettre dans leurs valises. Charlotte, maman célibataire de 35 ans, aimerait y trouver «quelqu’un qui a aussi un enfant» et peu importe s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. «Il y a un côté drague sur le site car certains détournent son but, mais ce n’est pas l’idée principale.» Delphine, elle, se méfie: «Je cherche plutôt des femmes car je n’ai pas trop confiance.»
Le célibataire, un client particulier
Olivier Testard a travaillé pendant 15 ans dans des clubs de vacances avant de lancer Dream Holiday. Partant du constat que les célibataires n’avaient pas le même rythme de vie que les autres pensionnaires, il a lancé un concept d’hôtel-club qui leur est spécialement dédié: «Dans les hôtels traditionnels, les célibataires avaient toujours des horaires décalés par rapport aux familles et aux couples, se souvient-il. Ils arrivaient plus tard au petit-déjeuner car ils avaient fait la fête la veille, ils allaient à la piscine une fois que les enfants étaient partis,… On a eu le sentiment qu’il y avait un vrai marché à prendre.»
Dans le premier club Dream Holiday qui ouvre fin mai en Grèce, les solos pourront suivre des cours de danse Bollywood, de chant, de fitness, participer à des ateliers de relooking mais aussi rencontrer des coachs en séduction ou côtoyer des humoristes et des participants à des émissions de téléréalité. «Nous avons dépoussiéré les activités des hôtels-clubs», se félicite Olivier Testard. Ce paradis pour célibataires a un prix: de 1.000 à 1.600 euros la semaine suivant les dates de départ. «Nous visons les actifs dans la trentaine, plutôt CSP+, qui souvent n’ont pas le temps de sortir parce qu’ils travaillent beaucoup», précise Olivier Testard.
Trouver le beau temps… et l’âme sœur?
Derrière les soirées mousse et les transats sur la plage se cache toujours si ce n’est la promesse, au moins l’espoir, de rencontrer l’âme sœur. Le site Meetic a ainsi lancé cet hiver ses premiers séjours au ski en partenariat avec les clubs Belambra: quelques membres du site de rencontre ont pu pendant une semaine apprendre à se connaître autour de soirées raclettes et de leçons de planté de bâton. Le format devrait être décliné sous forme de week-end en juin et septembre. Les vacances de célibataires sont encore souvent envisagées comme un moyen de ne pas le rester.