JUSTICEVIDEO. Certains ex-otages de l'Hyper Cacher attaquent BFMTV en justice

VIDEO. Certains ex-otages de l'Hyper Cacher attaquent BFMTV en justice

JUSTICEIls accusent la chaîne, ainsi que d'autres médias, d'avoir révélé qu'ils se cachaient dans la chambre froide...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Après les remontrances du CSA, plusieurs médias vont devoir se défendre devant la justice. Six personnes qui s'étaient cachées dans le supermarché Hyper Cacher où Amédy Coulibaly a tué quatre clients le 9 janvier, ont déposé une plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, visant les médias, et notamment BFMTV, a annoncé leur avocat.

Une enquête préliminaire ouverte par le parquet

Le parquet de Paris a saisi mercredi la brigade de répression de la délinquance aux personnes d'une enquête préliminaire, a indiqué vendredi une source judiciaire.

Dans cette plainte contre X dont l'AFP a eu connaissance et déposée le 27 mars selon Me Patrick Klugman, les plaignants reprochent en particulier à la chaîne d'information continue d'avoir révélé pendant la prise d'otages que des clients étaient dissimulés dans la chambre froide de l'Hyper Cacher.

«Pousse-au-crime»

«De nombreux autres médias manquaient aux règles les plus élémentaires de prudence, d'une part en retransmettant en direct l'évolution des opérations des forces de l'ordre et d'autre part» en annonçant que l'assaut était donné en Seine-et-Marne contre les autres auteurs des attentats, les frères Kouachi, alors que Coulibaly retenait des otages à Paris, selon les plaignants.

«Les méthodes de travail des médias en temps réel dans ce genre de situation, sont des pousse-au-crime», a dénoncé auprès de l'AFP Me Klugman. Ses clients relèvent dans leur plainte que Coulibaly «suivait l'évolution des informations sur différentes chaînes, dont BFMTV», et qu'il avait été en contact avec des journalistes de BFMTV.

Passible de 15.000 euros d'amende

La vie de ses clients «aurait été exposée si Coulibaly avait eu connaissance en temps réel de l'information diffusée par BFMTV» sur le fait qu'ils étaient dissimulés dans la chambre froide, a notamment dénoncé Me Klugman. «La question est de savoir qui est responsable de ce délit? La personne morale? La direction de l'information? Le journaliste?», a-t-il demandé. «Il n'y a que devant un tribunal que le délit pourra être réparé.»

Certains juristes sont moins confiants que Me Klugman. Sur Twitter, l'avocat connu sous le pseudonyme de Maitre Eolas a fait part de son scepticisme quant à la réussite de cette entreprise.

« Spoiler alert : ça n'aboutira pas, le délit n'est pas constitué http://t.co/CVgIPx7LWT — Maitre Eolas ✏ (@Maitre_Eolas) April 2, 2015 »



La mise en danger de la vie d'autrui est passible d'un an de prison et 15.000 euros d'amende. A l'issue de l'enquête préliminaire, le parquet peut décider de désigner des juges, renvoyer directement les protagonistes en correctionnelle ou classer sans suite.

Les plaignants s'appuient notamment sur des communiqués du gendarme de l'audiovisuel, le CSA, qui, le 11 février, avait adressé à 16 médias audiovisuels 21 mises en demeure relatives à leur couverture des attentats de Paris. Sollicitée par l'AFP, BFMTV n'avait pas réagi dans la nuit de jeudi à vendredi.