Vigipirate: La demande d'agents de sécurité n'arrive pas à être comblée
SÉCURITÉ•Les attentats de janvier ont entraîné une hausse de la demande...Thibaut Le Gal
Depuis les attentats de janvier, eux aussi sont sur le pont. Les agents de sécurité ont été très mobilisés, parfois même avant policiers et gendarmes. «On a tout de suite envoyé des agents de sécurité dans les synagogues, les lieux de cultes et les établissements publics», indique Guy Aldeguer, président de l’agence SAS Sécurité. «On a dû fournir la sécurité avant que les collectivités locales s’organisent. On a eu besoin de plus de personnel et donc de recruter de nouveaux agents».
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«Il y a eu une hausse de la demande immédiatement après les attentats, notamment pour les espaces privés ouverts au public, les centre commerciaux, les parcs d’exposition, et surtout en Ile-de-France», confirme Olivier Duran, porte-parole du Syndicat national des entreprises de sécurité (Snes), qui regroupe 200 entreprises privées. «Cette période a également coïncidé avec une habituelle hausse d’activité liée aux soldes. La demande s’est aujourd’hui stabilisée. Mais un certain nombre des effectifs supplémentaires a été maintenu», ajoute-t-il.
«La demande n’arrive pas à être comblée»
Avec la prolongation pour plusieurs mois des niveaux élévés d'alerte Vigipirate, la demande risque de continuer. Et les heures supplémentaires de s’accumuler. «Il y a une demande accrue des entreprises, mais la demande n’arrive pas à être comblée. Rien que pour la Seine-Saint-Denis, on a 1.100 besoins en attente», indique Jérôme Lagneaux, directeur Exploitation de Thésée Formation.
Première explication: la moralisation de la profession. «Le métier est en train de changer, il se professionnalise. Les agents doivent désormais recevoir une carte professionnelle délivrée par le Cnaps [Conseil National des Activités Privées de Sécurité], sur la base d’une enquête de moralité», précise Jérôme Lagneaux. 140 heures de cours théorique et pratique sont maintenant nécessaires. «Avant tu te présentais avec un T-shirt, et voilà, tu étais agent de sécurité», témoigne Olivier 29 ans, ancien agent sinophile actuellement en formation.
Les agents féminins sont rares, mais demandés
Les entreprises demandent des profils de plus en plus qualifiés. «Elles veulent notamment des agents formés à l’imagerie radioscopique ou à la détection d’armes explosives», explique Jérôme Lagneaux. «Cela est toujours vrai pour les aéroports, mais aussi sur d'autres secteurs, comme les musées».
Une formation à l'imagerie radioscopique à Thésée Formation, Saint-Denis. - TLG
Autre demande difficile à combler, les agents féminins. «On nous demande des femmes pour les fouilles dans l’aéroportuaire notamment», développe Jérôme Lagneaux. «Elles sont rares à trouver, même si le métier se féminise grâce à la reconversion de gendarmes, policières ou pompiers».
Guy Aldeguer souhaite que la formation s’adapte davantage aux risques d'attentat. «Il y a un manque de formation dans l’encadrement des agents de sécurité. Ceux-ci devraient être mieux formés vis-à-vis de la menace terroriste». Le directeur de SAS Securité a récemment envoyé ses chefs d’équipe quelques jours en formation avec d’anciennes unités d’élite. «Il pourrait y avoir malheureusement d’autres attentats à l’avenir. Je préfère qu’on soit prêt».