Trois jours avant d’attaquer Charlie Hebdo, Saïd Kouachi a fait le voyage à Paris depuis Reims en covoiturage, via le site internet Blablacar. Il s’installe sur la banquette arrière. Ses compagnons de route, que L’Obs a retrouvés, se souviennent. «D'habitude j'aime bien animer les conversations dans la voiture pour que le temps passe plus vite, mais là, il n'y avait pas une bonne ambiance. Je l'ai trouvé froid, il n'avait pas du tout envie de parler», raconte Daniel.

La "mauvaise ambiance" régnait dans la voiture

Employé dans l'hôtellerie et habitant de la région parisienne, l’homme «sous-loue» régulièrement des sièges dans sa voiture. Ce dimanche 4 janvier, il ne sait pas qu’il a embarqué dans son véhicule le frère aîné des Kouachi. «J'ai vu que ce monsieur était très croyant en raison de sa tenue vestimentaire, mais nous n'avons pas parlé de religion», reprend Daniel.

Une femme médecin d'une cinquantaine d'années avec son chien et un jeune couple, Mehdi et Leïla, font également partie du voyage. «Tous décrivent la "mauvaise ambiance" qui règne dans le véhicule, et le téléphone de Saïd Kouachi qui ne cesse de sonner», raconte L’Obs.

«Il avait une tête qui ne faisait pas plaisir»

Mehdi se souvient quant à lui que Saïd Kouachi «avait une tête qui ne faisait pas plaisir. Je ne voulais pas que ma copine s'asseye à côté de lui, c'est pour ça que je me suis mis au milieu. Je fais souvent du covoiturage et je n'ai jamais été gêné comme ça. Là, tout de suite, je ne l'ai pas senti».

Il dit avoir rapidement fait le lien lorsqu'il a entendu les premières caractéristiques du suspect. «Ça fait mal au cœur, franchement, j'ai voyagé pendant deux heures, je ne savais pas et je n'ai rien pu faire», dit-il aujourd’hui. L’enquête a montré depuis que Saïd Kouachi était parti à Paris pour faire des repérages autour des locaux de l’hebdomadaire satirique.